Forêt de Bialowieza et Brame de l'élan à la Biebrza : Pologne à la carte Du 02/09/2011 au 14/09/2011
Ne perdez pas la boussole ! Suivez-moi dans mes voyages.
Découvrez, jour après jour, mes notes et mes photos.
Faunes et paysages merveilleux sont au détour de chacun d'eux.
Forêt de Bialowieza et Brame de l'élan à la Biebrza : Pologne à la carte
Du 02/09/2011 au 14/09/2011 - 1 participante
Le 2 septembre 2011
Ma compagne de voyage arrive à l'aéroport F. Chopin de Varsovie. Impossible de se rater car nous nous connaissions déjà. En effet, elle faisait partie d’un groupe ce printemps pour observer l’ours en Slovénie.
Je l’aperçois. C’est bon, nous nous sommes bien retrouvés. Il n’y a plus qu'à prendre la route pour la forêt de Bialowieza.
Arrivés à notre destination, en fin d’après-midi, nos hôtes nous ont préparé un vrai festin... Vite, à table !
Le 3 septembre 2011
À l’aube, dans une prairie se découpant dans la brume, 6 biches et faons, suivis d’un cerf, rentrent tranquillement à couvert.
Sous la canopée des chênes, nous observons deux sangliers qui s’affairent à la recherche de glands et autres mets...
2 cervidés s’éloignent, tandis que nous arrivons aux abords d’une grande plaine. Le chant d’un pic noir retentit, une buse se pose au sommet d’un pin sylvestre bordant la prairie.
Plus tard, nous observerons un renard, tout près d’un restaurant dans Bialowieza, qui passera juste à nos côtés. À priori, il s'agit d'un habitué des lieux. Aucune crainte. Il se dirigera vers des personnes qui étaient en pause au restaurant. Peut-être le nourrit-on ?
Le 4 septembre 2011
En nous dirigeant sur le nord de la forêt aux lueurs de l’aube, un renard chasse dans une prairie. Il capture une proie et file se mettre à couvert avec son repas...
Nous commençons notre approche et nous distinguons à peine la sente. Les houppiers empêchent la lumière de passer et retardent ainsi le lever du jour. Des sangliers prennent la fuite à notre approche. Mécontents, ils émettent des soufflements. À quelques centaines de mètres, 2 chevrettes sortent à tour de rôle sur la sente, alors qu'on entend les cerfs qui raient aux confins de la forêt.
Un cerf s’offre à nos regards émerveillés. Plus loin, le mugissement d’un bison se fait entendre à moins de cent mètres suivi par des craquements de branches. Mais impossible de l'apercevoir tant la végétation est dense.
En fin d’après-midi, nous retournons en forêt. Ma compagne s’écrie : "Un bison, là !". En effet, un magnifique mâle (taureau) est couché dans la haute futaie à 50 mètres de nous !
Après l’avoir observé et photographié sous toutes les coutures, je propose que l’on se rapproche un peu. J’obtiens comme réponse que je suis un grand malade ! Je lui réponds qu’il ne fait certainement pas plus de huit cents kilos de muscle... avec un petit sourire ...
Il n’empêche qu'elle ne se dégonfle pas et nous nous sommes donc rapprochés. Aussitôt, le bison se roule dans la poussière et se lève. Sûr de sa force, il ne nous quitte pas du regard. Petit à petit, il finit par regarder de temps en temps ailleurs...
Je prends alors la décision de me rapprocher encore plus. Ma partenaire, sur ce coup, me lâche. J’ai repéré un tronc couché à moins de trente mètres de notre ami. Il ne me quitte pas du regard, moi non plus d’ailleurs et je suppose que ma compagne ne doit pas nous perdre de vue non plus.
Arrivé à mon tronc, je m’assois tranquillement avec des gestes lents. Le bison semble m’accorder sa confiance et se recouche au bout d’un bon quart d’heure.
À ma grande surprise, ma partenaire me rejoint. Le bison la regarde à peine. Après plus d’une heure et demie d’observation, il reste toujours là, couché. C’est nous qui, discrètement, l’avons laissé à son repos...
Sur le chemin du retour, en voiture, deux jeunes renards jouent ensemble tout en cherchant leur nourriture sur un tas de gravats en périphérie du village de Bialowieza. Nous les avons laissés au bout de trois bons quarts d’heure. Demain sera une nouvelle journée...
Le 5 septembre 2011
Nous retrouvons le même renard que la veille dans la même plaine : même heure, même activité...
À l’approche, 2 sangliers passent à côté de nous. Une biche s’éloigne tout doucement. Presque arrivés à la grande prairie, un sanglier passe sans même nous prêter attention. Il passera son chemin et nous le nôtre.
En fin de matinée, ma partenaire pose son regard sur un daguet (jeune cerf) dans une végétation luxuriante. Nous finissons par le perdre de vue. Arrivés à deux ou trois cent mètres de la voiture, c’est une gélinotte qui passe à pattes devant nous...
En allant repérer notre affût pour la pleine lune, deux sangliers nous surprennent par leurs grognements. Ils s’enfuirent tout aussi surpris que nous, et certainement bien plus effrayés que nous.
Le 6 septembre 2011
À peine l’aube naissante que déjà nous sommes sur la route en direction du sud de la forêt. Nous croisons un renard sur la voie ferrée, puis un second : ce sont les deux jeunes de l’autre jour. L’un d'eux glapit. Un peu plus loin, une chevrette pâture dans une petite plaine.
Arrivés à destination, nous laissons le véhicule derrière nous, une longue marche nous attend. Au détour d’un chemin, un sanglier fait des apparitions sur le talus, groin en terre tel un motoculteur. Contrairement aux idées reçues, le sanglier fait office de jardinier en forêt et son rôle est capital pour le bon équilibre de celle-ci !
Le sud dégage une atmosphère austère, voire presque lugubre. On s’attend à tout, une meute de loups affamés ou bien encore qu’une sorcière y vive comme dans les contes pour enfants. À croire que ces conteurs connaissaient Bialowieza !
Nous arrivons sur la bordure Polonaise / Biélorusse. Dans un vaste marais, nous observons plusieurs busards des roseaux, tandis que le chant des grues cendrées retentit dans les confins du marais. Peu de temps après, c’est un râle d’eau qui se fait entendre à plusieurs reprises.
L’après-midi, nous prenons plein nord, l’autre extrême. Arrivés sur les rives du lac, nous observons de nombreuses grandes aigrettes, des cygnes tuberculés, un héron cendré et autres mouettes ou bien même des goélands...
Nous observons le passage des étourneaux en direction des roselières, lieu de dortoir, puis nous assistons au coucher de soleil digne des plus beaux couchers africains.
Le 7 septembre 2011
Dans une demi-pénombre, nous partons pour le charnier à loups. En chemin, nous revoyons l’un de nos deux jeunes renards dans l’enceinte du village, puis, sur la grande route forestière, un chien viverrin qui se carapate sans demander son reste. Nous croisons des grands cervidés qui s’éloigneront dans l’épaisseur des sous-bois.
Nous commençons notre approche. Arrivés à moins de 500 mètres du charnier, une biche et son faon traversent le sentier. De là, nous entendons des bisons prendre la fuite, et, enfin, voici le charnier droit devant. Une brume s’élève avec l’espoir d’y apercevoir un loup ... qui sait !
Rien. Les lieux sont sans vie. Nous y trouvons la carcasse d’un jeune bison quand soudain cinq biches et faons apparaissent de nulle part. Ils ne feront que passer. Nous repartons alors, et, à peine la lisière franchie, que nous décelons une ombre furtive. Un loup s’éclipse en une fraction de seconde mais quelle joie, même si l’apparition fantomatique de cet être mythique n’a duré qu’un dixième de seconde...
Plus loin, nous croisons la route d’une biche et de son faon. Les sifflements aigus des gélinottes retentissent au-dessus de nous, des bisons prennent de nouveau la fuite. Impossible de les voir dans l’épaisseur de ces sous-bois mais le sol vibre sous le martelage de leurs sabots.
Notre quête continue et il me semble percevoir des bruits au loin. Le son s'intensifie et nous décidons de nous installer dans l’espoir que les auteurs de ces bruits de pas dans les feuilles mortes finissent par se dévoiler à nos yeux contemplatifs.
Un, deux, trois, quatre, et puis cinq sangliers apparaissent suivis par des marcassins. Ils sont à la recherche de nourriture, le groin enfoui dans le sol à glaner racines, tubercules et autres mulots...
L’un d’eux vient se frotter non loin de nous sur l’un des chênes plus que centenaires.
Une impression de déjà-vu se produit avec une biche et son faon, non loin de l’endroit ou nous venons d’observer les sangliers. Ne serait-ce pas la même suitée que nous croisons depuis ce matin ? Un casse-noix moucheté se fait entendre. Il est perché juste en face, tout au sommet d’un arbre mort. Quel bel oiseau !
En fin d’après-midi, nos hôtes nous invitent à un barbecue durant lequel nous ripaillons et rions aux éclats, tous ensemble.
Le 8 septembre 2011
2 heures 30 du matin, nous prenons la route pour la Biebrza alors que l’aube est encore loin et la nuit bien close. De nouveau, dans les phares, l’un de nos deux jeunes renards se trouve en plein centre de Bialowieza.
En traversant la grande sylve, nous croisons une biche et son faon qui disparaissent dans la noirceur de la nuit, puis un renard traversant la route, De nombreux kilomètres plus loin, et c'est un putois qui nous croise sur ce long ruban d’asphalte qui serpente à travers cet immense jardin d’éden...
Arrivés à la grande vallée alluviale "Biebrza", nous nous rendons à un endroit que je connais bien de la tourbière.
Là, une magnifique surprise se dévoile à nos regards : une femelle élan en compagnie d’un grand mâle aux bois palmés. Ces mâles sont relativement rares. Il y a en Europe deux génétiques en ce qui concerne les bois : une aux bois palmés et l’autre, non palmés.
Cet élan mâle en impose, il doit bien approcher les 800 kilos sans aucun doute : Ce sont les deuxièmes plus gros mammifères terrestres d’Europe après le bison.
Non loin de là, un trio se déplace tranquillement, composé d’une femelle, suitée d’une jeune femelle d’un an, suivie avec grand intérêt par un jeune mâle de deux ou trois ans. Ses bois sont encore rouges, signe qu’il a frayé ses velours il y a très peu de temps.
Les grues trompettent à travers le marais. Elles se rassemblent en grand nombre au cœur de la tourbière car bientôt, le grand voyage pour des cieux plus cléments commencera.
Le 9 septembre 2011
À l’aube naissante, nous sommes sur la grande tourbière. Dans une demi-pénombre, passe un grand mâle qui arbore de magnifiques bois palmés. Il ira droit sur la forêt et l’atteindra au petit jour où il trouvera refuge et sérénité...
Peu de temps après, nous passons à côté d’une hutte de castor, avec vue sur la tourbière. De là, on entend très clairement l’animal émettre des petits bruits et se déplacer dans la roselière. Impossible de le voir mais par contre, nous venons de repérer une femelle élan en compagnie de son jeune en lisière de bois.
Ils disparaîtront dans une immense phragmitaie.
Cela fait à peine dix minutes que nous avons repris notre approche qu’une seconde mère et son jeune apparaissent devant nous. Nous les suivrons sur plus de cent mètres avant qu’ils ne s’évanouissent dans les profondeurs de la forêt marécageuse.
Nous partons pour contourner la Biebrza et la longer sur plus de 65 kilomètres. Nous rencontrerons sur la route un renard courant comme un dératé sur notre voiture qu'il contournera par le talus pour poursuivre ensuite sa course sur la route.
D’innombrables espèces aviaires seront rencontrées tout du long : hérons cendrés, grandes aigrettes, grues, busards des roseaux, cygnes, vanneaux huppés, etc...
En baguenaudant, nous observons un balbuzard pêcheur (aigle pêcheur), perché dans un arbuste, en cours de collation dégustant un poisson.
Le soir, nous sommes à l’affût aux castors. Postés à côté de sa hutte, nous l’entendons glousser, ronger, mais il restera invisible. De là, nous observerons notre élan mâle du matin, dans la pénombre, à deux cent bon mètres. Il brame par à-coups. Une bécassine des marais en profitera pour se poser à nos côtés.
Le 10 septembre 2011
L’aube transperce la noirceur de la nuit sur le marais, rien ne bouge. Nous partons à travers les bois marécageux. Un tétras-lyre nous surprend en décollant, une femelle élan est cachée par les saules et aulnes qui constituent cette forêt. Il nous est quasi impossible de la distinguer.
Dans le courant de l’après-midi, alors que nous allions reprendre la route pour Bialowieza, une femelle élan et son jeune font leur apparition et, plus loin, ce sera une autre femelle, apparemment seule, fera stopper de nouveau notre véhicule...
19 heures 15. Nous arrivons en forêt de Bialowieza et nous nous rendons directement à l’affût. De là, nous assistons à un concert donné par 4 ou 5 cerfs. Dans le lointain, nous entendons un soliste, un loup qui donne son récital au clair de lune.
Des bruits de pas derrière nous : un élan mâle marche en lisière de la saulaie et puis disparait. Notre concert privé continue : des barytons se joignent à l’orchestre lorsque des mugissements de bisons raisonnent dans la prairie. Ils sont là, quelque part dans cette pénombre embrumée où rayonne la luminescence argentée de la pleine lune.
De nouveaux bruits de pas derrière nous et cette fois; deux biches apparaissent dans la clarté lunaire : l’une d’elle porte un collier émetteur au tour du cou.
Quelle ambiance, telle que je les aime !
Les plus beaux souvenirs, tels ces moments vécus cette nuit-là, ne sont pas forcément sur la pellicule mais tout simplement gravés dans notre mémoire à jamais !
Le 11 septembre 2011
Nous rencontrons un renard sur la route. Au petit jour, nous arrivons sur une prairie et je distingue 1 bison, puis 2, 3, 4....12 bisons sont là, dont deux magnifiques taureaux qui, à cette époque, rejoignent les petites troupes matriarcales pour le rut.
L’un des deux taureaux ira marquer son territoire sur un jeune bouleau qui ne résistera pas aux cornes et à la force de l'animal.
Le jour se lève et les bisons rentrent aussitôt à couvert. Nous contournons l’endroit dans l’espoir de les intercepter avant qu’ils ne soient trop loin. Nous les retrouvons, noyés dans cette végétation. Le troupeau se déplace sans faire de bruit pour disparaître dans cet océan de verdure.
Dans l’immensité forestière, nous croisons une compagnie de sangliers et, peu de temps après, des biches.
Il est grand temps de réaliser le vœu émis par ma partenaire quant elle a décidé de faire appel à mes services : nuits au clair de lune, au cœur de cette immensité. Le but est d’observer et de bénéficier de toute l’ambiance nocturne dans une très bonne place...
Le crépuscule tombe, la brume enveloppant tout sur son passage.
Le 12 septembre 2011
0 heure 45. Des bisons font leur apparition alors que les cerfs brament tout autour de nous. Le chant d’une chouette hulotte retentit.
1 heure 45. Les bisons paniquent et se regroupent. Je scrute mais je n’aperçois rien. Pour autant, je suspecte la présence de loups. À 2 heures, les bisons ne sont plus là.
4 heures 45. Il y a des bisons, peut-être les mêmes qui sait ! Ils rentreront à couvert à 6 heures.
Nous quittons l'endroit à 8 heures pour monter au nord de la forêt. Nous partons à l’approche. Des traces d’élans toutes fraîches. Des bruits de pas se font entendre dans la forêt marécageuse et, à pas de loup, nous avançons. Nous surprenons une femelle avec son jeune, puis, un mâle part derrière la femelle en bramant. Plus loin, nous ferons décoller deux gélinottes.
En fin d’après-midi, nous partons pour la deuxième nuit au clair de lune. Je ne retourne pas au même endroit. Une biche traverse devant nous, plus loin une autre biche et son faon traversent aussi, et encore une autre...
Nous sommes en place pour notre nuit au clair de lune ! La forêt est d’un calme presque inquiétant, comme si toute vie avait disparu. Le crépuscule tombe, une rumeur clame dans le lointain, un cerf, puis deux ! Le calme est enfin rompu par les raires des cerfs. À la nuit close, 2 sangliers passent non loin de nous, poussant des grognements d’intimidation : l’un d'eux est de très belle taille.
Le 13 septembre 2011
5 heures. L’aube est là. Nous nous sommes endormis, bercés par le brame des cerfs et le hululement des chouettes. La lumière remplace l’obscurité alors qu'un rouge-gorge vient nous rendre visite, tout en poussant ses petits cris métalliques, comme pour nous aider à sortir de notre torpeur...
Peu de temps après, un renard fait son apparition sur la prairie. Il chasse les micromammifères, campagnols et autres mulots. Plusieurs de ses tentatives échouent mais certaines sont fructueuses. En trois ou quatre bouchées, le campagnol est englouti.
Il finira par se mettre à couvert au bout de plus d’une heure.
En fin d'après-midi, nous partons pour la dernière fois en forêt pour ce séjour. Au cœur de celle-ci, dans un rayon de lumière, un superbe loup traverse devant nous à moins de 50 mètres. Son pelage étincelle de mille feux dans la lumière ocre de cette fin d'après-midi.
Ma compagne n'arrive pas à y croire : son deuxième souhait, rencontre d'un loup, vient de se réaliser. Son premier était la rencontre avec l'ours brun qu'elle a réalisé lors de notre premier voyage ensemble en Slovénie.
Elle est plus que touchée par la grâce de cet animal, elle en a les larmes aux yeux !
Impossible de réaliser la moindre photo tellement ce fut inattendu, mais par contre, nous avons retrouvé ses traces que nous avons alors immortalisées !
Nous continuons notre chemin à travers le marais et nous arrivons à l'endroit que je m'étais fixé, et là, ô surprise, un groupe de plus de 15 personnes. C'est un groupe qui provient tout droit de Belgique avec leur guide d'une grande structure de voyage nature Belge.
À 15, on ne peut être discret, et, à la place du brame, on entend que les bruissements de vêtements et les papotages. C'en est trop pour moi et nous repartons de là au bout de deux minutes.
En aucun cas, je ne conçois l'observation comme cela. La discrétion est l'une des choses primordiales qui demande donc un minimum de personnes, et non pas tout un attroupement : la nature n'est pas un musée.
C'est certainement bon pour l'agence (financièrement parlant), mais certainement pas pour l'observation de la faune européenne !
De nouveau à notre véhicule, en prenant la piste du retour, nous observons un chien viverrin dans nos phares qui furète dans le sous-bois.
Le 14 septembre 2011
Nous reprenons la route pour l'aéroport. Un voyage s'achève, bientôt un autre commence...