Slovénie à la carte : La montagne aux ours Du 10/05/2011 au 17/05/2011
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Faunes et paysages merveilleux sont au détour de chacun d'eux.
Slovénie à la carte : La montagne aux ours
Du 10/05/2011 au 17/05/2011 - 3 participants
Le 10 mai 2011
Mes 3 compagnons viennent de me téléphoner, il est 7 heures 22 du matin. Ils se trouvent à la frontière autrichienne / slovène, venant tout droit de Belgique après une longue route. Je prends la route pour notre lieu de rendez-vous au pied des Alpes Juliennes.
Après les avoir rejoints, nous prenons la route de l'hôtel qui se situe à 45 minutes de là !
À notre arrivée, mes compagnons prennent aussitôt possession de leurs chambres. Installation faite, nous reprenons la route pour la forêt, ou plutôt devrais-je dire la piste. Première prise de contact avec le milieu. Mes compagnons me font une demande un peu particulière. Ils souhaiteraient passer un maximum de temps en forêt, ce qui est déjà le cas dans mon voyage. Donc les 2 nuits d'affût prévues sont passées à 4, histoire de profiter pleinement de ce cadre idyllique, de ces atmosphères forestières si particulières. Je les comprends que trop bien...
A peine arrivés sur le secteur où nous vagabonderons la plupart du temps, nous trouvons les premières traces d'ours et autres indices de présences.
Je n'oublie pas non plus de leur montrer leurs chambres d'hôtels forestières (affûts à ours) où ils seront censés passer 4 nuits sur 7 dans des conditions pour le moins spartiates, mais se trouvant à la première loge pour y observer les ours, thématique de leur voyage.
Vers 17 heures, nous nous plaçons à l'affût sur une grande plaine arborée. Un chevreuil daignera s'y montrer.
Le 11 mai 2011
Nous partons aux premières lueurs de l'aube pour cette forêt si mystérieuse. Arrivés à destination, après avoir croisé trois ou quatre chevreuils, nous commençons l'approche.
Photo réalisée par Mr Jean Doyen
Après un petit quart d'heure de marche, nous nous postons à l'affût sous une haute futaie de hêtres. Vingt minutes s'écoulent sans un bruit, ni même le moindre petit mouvement. Nous reprenons l'approche en direction d'un lieu que je nomme "l'ail aux ours" par la profusion de la plante en question. Je décèle un mouvement furtif. Aussitôt, je pointe ma paire de jumelles, et là, je n'ose en croire mes yeux : Un, puis deux, puis quatre loups ... ils sont bien quatre, se trouvant là à se disputer une carcasse d'animal. Deux d'entre eux s'éclipsent assez vite, tandis que les deux autres restent encore. On peut alors très bien observer que ces animaux vivent avec la peur et la crainte de nous croiser.
Chacun à leur tour, ils arrachent des lambeaux de chair et s'écartent à chaque fois de la carcasse pour se mettre à couvert. L'un de mes compagnons filmera la scène.
Je prends la décision de contourner les lieux et à cet instant les deux loups quittent la place. L'un des loups passera à moins d'une quinzaine de mètres devant moi. Entre temps, je repère une cinquième présence qui détale : c'est un ours. Je ne m'en préoccupe pas car dans mon esprit il est déjà trop tard.
Je retourne alors sur mes pas, rejoignant mes compagnons qui étaient restés en arrière. Nous échangeons nos impressions. Ils sont comme dans un rêve et me font part de leur observation furtive d'un ours qui se trouvait légèrement en contrebas des loups.
Lors de notre échange, l'un de mes compagnons repère de nouveau l'ours juste derrière nous. Il est revenu, non pas pour la carcasse, mais pour du maïs destiné aux cervidés.
Trois photos réalisées par Mr Jean Doyen
Nous l'approchons à 30 mètres. Il est 7 heures 15 à peu près. À 8 heures 20, l'ours se lasse du maïs. Il passera à côté de moi, et repartira pour les profondeurs de la sylve. Une magnifique observation !
Photos réalisées par Mr Jean Doyen
En route pour l'hôtel, nous traverserons des paysages bucoliques, prairies inondées de fleurs multicolores avec d'innombrables orchidées de toutes sortes. L'un de mes compagnons repère dans le ciel une cigogne noire, magnifique oiseau très peu connu à l'inverse de sa cousine blanche, totalement forestière, "c'est ce que nous appelons un bio indicateur, preuve d'un milieu forestier d'exception..."
Vers 16 heures 30, nous rejoignons les affûts pour la nuit. Trois affûts dans trois milieux différents. Avec l'un de mes compagnons, nous arriverons au notre après avoir accompagné les autres, chacun dans son affût privatif. Il est 17 heures 10 : des geais et des pigeons ramiers viennent picorer aux maïs.
20 heures 05 : sans le moindre bruit, un ours fait son apparition tel un fantôme. Un bel adulte très clair, avec des nuances de couleurs qui peut évoquer celle d'un grizzly (sous-espèce de l'ours brun en Amérique du nord). Peu rassuré, notre ours ne restera que deux ou trois minutes, et rentrera dans la pessière par laquelle il est arrivé.
Incroyable ! Cela fait trois minutes à peine que notre ours est rentré qu'un brocard (chevreuil mâle) surgit exactement de l'endroit même d'où notre ours a disparu.
Il marquera son territoire et restera six bonnes minutes. Il repartira tranquillement dans la haute futaie de hêtres.
Un petit quart d'heure s'écoule. La forêt est bien calme et là, en lisière, nous retrouvons notre ours qui hume l'air, hésitant à sortir. Il s'élance et s'arrête de nouveau. Il hume, essaie de voir dans notre direction. Quatre à cinq minutes se passent puis l'ours repartira en soufflant. La nuit s'installe alors ...
Le 12 mai 2011
L'aube se lève. Rien sur la place d'affût. Aucun bruit ne se fait entendre, si ce n'est que les grives musiciennes, rouges-gorges et autres merles... Les brumes matinales restent accrochées aux montagnes, et les premiers rayons semblent avoir embrasé les forêts.
7 heures 30 : Il est grand temps de plier bagage pour récupérer nos deux compagnons. L'un d'eux se trouve à trois ou quatre kilomètres et le second à neuf. Sur la sente qui mène à notre véhicule, des traces d'ours toutes fraîches.
Arrivés sur le premier affût, notre compagnon nous attend et nous raconte que ce matin un subadulte est passé vers les 6 heures. L'ours, inquiet, ne sera pas resté plus de 3 minutes, le temps de réaliser de belles photos malgré tout.
Photo réalisée par Mr Jean Doyen
Le compère descend de son affût alors qu'un chevreuil, tranquillement, traverse la place. Nous sommes tous les trois suspendus à l'échelle de l'affût, regardant l'animal s'éloigner. Nous reprenons la piste pour récupérer notre dernier ami qui nous attend certainement avec impatience. Impatience ! Je ne crois pas. Quand nous arrivons enfin, l'ami était dans les bras de Morphée. Pour lui la chance n'était pas vraiment au rendez-vous : point d'ours, mais deux chevreuils quand même. Peut-être la nuit prochaine !
L'après-midi, petite balade sur le cours d'une rivière encaissée à l'intérieur d'une gorge avec des à-pics de plus de 350 mètres de haut sur environ 14 kilomètres. Nous verrons des orchidées, et bien d'autres plantes à fleurs, deux ou trois truites dans la rivière, espèce endémique à la Slovénie.
Le soir venu, l'un de mes trois compagnons ne désire pas retourner à l'affût. Nous partirons ensemble en baguenaude, alors que nos deux autres camarades iront à l'affût chacun de leur côté.
Nous apercevrons une bergeronnette printanière, puis un renard dont nous observerons surtout sa queue et ses oreilles se faufilant dans les herbes folles d'une prairie. Sur le chemin du retour, plusieurs chevreuils, en ombre chinoise, se détacheront sur fond de prairie.
Le 13 mai 2011
Au petit matin, nous sommes sur la route. De là, je repère un renard qui chasse dans une prairie fraîchement fauchée. Je m'arrête. Le goupil s'éloigne, tout en continuant sa quête de micromammifères. Je reprends la route pour les profondeurs forestières embrumées. Quelle atmosphère ! Nous resterons à l'affût pendant 1 heure 30, mais rien ne bouge. Il est déjà grand temps de partir pour les affûts de nos comparses.
Parvenu au premier affût, je monte à travers la forêt car huit cents bons mètres séparent le lieu où l'on se gare et l'affût en question. Quant à mon camarade, lui a préféré rester à la voiture. Là, je rencontre un magnifique brocard à moins de cinq mètres. D'ailleurs, nous en sommes surpris tous les deux...
Délivré de sa longue nuit, mon compagnon m'apprend qu'il n'a rien vu ! En route pour le deuxième, en espérant que...
En gravissant la sente, des traces d'ours toutes fraîches ! Peut-être que !
Arrivé à l'affût, j'apprends que la nuit fut longue. Juste un chevreuil daigna se montrer et même les loirs qui habitent l'affût n'ont pas manifesté plus d'entrain que cela.
En fin d'après-midi, nous retournons tous ensemble à l'endroit où nous avons observé les loups et l'ours, une bonne heure se passe et nous devrons quitter l'endroit à cause d'un vent tournant. Nous nous installons plus loin mais rien, pas un seul bruit. Nous repartons alors en direction du véhicule, quand tout un coup, une démarche que je connais bien se fait apercevoir juste au-dessus de nous : une démarche ursine que je remarque, se dessinant telle une ombre chinoise dans cette demi-pénombre forestière. Il nous observe et, d'un seul coup, s'élance dans la pente en descendant sur notre piste ! Il s'arrête sur un surplomb. Il est là, à deux mètres au-dessus de la piste en train de nous regarder, jaugeant certainement la situation. Représente-t-on un risque pour lui ? Il bondit pour atterrir trois bons mètres plus loin et traverse la piste en deux bons incroyables... il continue sa course dans l'épaisseur des sous-bois et finit enfin par disparaître. Apparemment, nous ne représentions aucun risque pour lui... Pourtant, il s'agissait d'un grand mâle, de plus slovène, et, si l'on en croit certaines personnes de chez nous, ils sont plus que dangereux....
Photo réalisée par Mr Jean Doyen
Arrivés à la voiture, une chouette de l'Oural se fait entendre. Nous prenons la route de notre hôtel. Là, voici une deuxième chouette, perchée sur des tuteurs à haricots dans un petit jardinet le long de la route : cette chouette est une hulotte.
Photo réalisée par Mr Jean Doyen
Le 14 mai 2011
À l'aube, nous sommes déjà en train d'observer une magnifique scène de dame nature : un splendide brocard dans un paysage bucolique, drapé d'un léger voile de brume. Quel merveilleux spectacle !
Photos de paysage réalisées par Mr Jean Doyen
Plus loin, un renard mulotant dans une plaine. Et oui ! Encore un goupil qui trouve plus facile de s'en prendre à des petits mulots et autres campagnols plutôt qu'à un bon gros lièvre bien musclé et d'une rapidité à toute épreuve.... un renard peut tuer six à dix mille petits micromammifères laissés en vie dans nos cultures, c'est un exemple...
Nous pénétrons dans le royaume de l'ours, la grande sylve. Nous observerons un second brocard, et, non loin de là, un lièvre. Le premier finit par partir et l'autre lui emboîte le pas.
Photos réalisées par Mr Jean Doyen
L'après-midi, découverte pour mes compagnons d'un milieu qu'ils n'avaient pas encore rencontré jusqu'ici, des montagnes pelées balayées par les vents du sud venant tout droit de l'Adriatique. Un paysage quasi steppique, un milieu fréquenté par les loups et autres lynx entre autres. Une flore aussi très intéressante se développe ici, dont beaucoup d'espèces d'orchidées...
Là, un faucon pèlerin est en pleine chasse. Nous assisterons à quatre de ses chasses dont trois réussies. On le voit se percher sur un petit surplomb rocheux pour déguster sa pitance. C'est magnifique de le voir, face au vent, se laisser littéralement porter.
Le 15 mai 2011
Dès l'aube, nous sommes à l'approche. Rien ne bouge. Nous traversons des petites prairies enclavées dans cette immense forêt où nous rencontrerons trois lièvres.
16 heures 30 : Je dépose deux de mes compagnons à l'affût pour la nuit malgré la pluie qui tombe depuis ce matin 10 heures.
19 heures 20 : Je reçois un texto de l'un deux : "Ours, 2 minutes 30 d'extase, j'ai mon moment d'émotion totale, séjour réussi ! Arrivé par la gauche, mais de face, parfait. Le top ! "
Photos réalisées par Mr Jean Doyen
Puis un 2ème texto arrive : " Merci. Même comme ceci, j'ai ma dose. Le reste, ce sera du bonus. Merci pour ce séjour ! "
Photos réalisées par Mr Jean Doyen
En lisant ce texto, cela me remplit le cœur de joie. Si pour mon compagnon le séjour est réussi, alors le mien aussi !
Je sais qu'il a su en tirer toutes les fragrances, et qu'il n'oubliera pas ces moments d'intimité avec dame nature, au plus profond des forêts slovènes, en tête à tête avec le seigneur et roi de nos forêts d'Europe " L'OURS ".
Pour la petite histoire, l'ours sera revenu et restera plus d'une demi-heure.
Photo réalisée par Mr Jean Doyen
Le 16 mai 2011
Je pars récupérer mes deux compagnons dans leur affût respectif, le troisième étant resté à l'hôtel pour se reposer. Le premier a pu observer durant quarante-cinq minutes un blaireau qui se remplissait la panse.
Pour le second, pas de surprise ! Son ours à deux reprises pour quarante minutes d'observation, et plein de belles photos à nous faire découvrir sur son PC en rentrant à l'hôtel après un bon petit déjeuner !
En fin d'après-midi, après une longue balade consacrée à la flore, nous irons nous installer à l'affût sur une prairie, où nous profiterons tout simplement de la quiétude des lieux...
La pleine lune éclaire les sous-bois de son doux rayonnement, la nuit s'installe, un autre monde s'éveille...
Le 17 mai 2011
À peine l'aube levée que nous sommes sur les lieux où nous avons observé nos quatre loups et notre premier ours en quasi simultané.
L'approche est à peine commencée que nous surprenons déjà un subadulte de trois ans en train de ce repaître d'ail aux ours.
Il est vraiment de toute beauté. Serein, il se laissera suivre pendant une bonne heure sur environ six cents mètres.
Photo réalisée par Mr Jean Doyen
L'un de mes compagnons réalisera à peu près 1400 photos à quelques dizaines près...
Le voyage tire à sa fin. Nous rentrons à l'hôtel où pour certains une sieste salvatrice sera la bienvenue, une longue route les attend jusqu'à la Belgique.
L'heure a sonné. Je les remets sur la route à l'aide de mon véhicule et nous nous quittons. Peut-être qu'un jour nous nous retrouverons sur une nouvelle destination !
Pour ma part, la forêt m'attend avant mon nouveau groupe qui arrive dès demain. Aussi je m'enfonce dans les profondeurs forestières où je croise la route d'un subadulte !