Slovénie : La montagne aux ours Du 30/05/2012 au 09/06/2012

Slovénie : La montagne aux ours

Du 30/05/2012 au 09/06/2012 - 4 participants

Le 30 mai 2012

J'arrive à Ljubljana vers midi, Je suis parti 3 jours avant le début du voyage de mes 4 compagnons, question de m'assurer que les ours ont bien repris leur train de vie depuis le déluge d'avril.

Je pars en montagne vers 16h où je trouve une souche plutôt confortable à cent mètres de mon véhicule. C'est un endroit que j'affectionne tout particulièrement que j'ai surnommé l'ail aux ours à cause de l'abondance de cette plante, et de plusieurs dizaines d'observation d'ours friands de cette dite plante.

17h30. Une buse se pose. Je l'observe deux ou trois minutes puis elle reprend son envol et disparaît à travers cet écran de verdure que forme la canopée.

17h45. J'entends du bruit juste au-dessus de moi. D'après la démarche, aucun doute, c'est un ours. Il fouille pour trouver sa pitance, mais je ne l'aperçois toujours pas. Passe un quart d'heure, et je l'entends descendre à-côté de moi. Je la vois enfin, c'est une grosse femelle suivie d'un ourson de l'année. Il n'est guère plus gros qu'un lièvre. La femelle l'attend et me regarde, puis, ils partent tranquillement dans le sous-bois. Je peux les entrapercevoir pendant une bonne demi-heure, chercher leur nourriture. Apparemment, je ne fais pas parti de leur régime alimentaire comme certains en France se plaisent à le dire. Il lui aurait été pourtant facile de m'attraper, se tenant entre moi et mon véhicule. Merci les médias ! Dans notre si beau pays, grâce à vous et à d'autres personnes pratiquant un soi-disant sport, je ne suis pas près d'observer cela en France....

19h40. Un nouvel ours à quelques kilomètres de la femelle. Il m'a aperçu et se carapate à toute vitesse en remontant la pente. Il doit avoir environ 4 ans. Celui-ci non plus, je ne fais pas partie de son régime alimentaire.

20h00. C'est une martre des pins que je croise et 100 mètres plus loin, un subadulte (ours de 2 ans) qui lui, hésite entre la fuite ou continuer de casser la croûte avec l'ail aux ours. Il optera pour le dîner végétarien.

Le 31 mai 2012

5h du matin. La forêt s'éveille, mais en fait cela fait presque une heure que je jour s'est levé. Je croise deux chevreuils, un mâle et une femelle que j'observe pendant presque une heure.

Puis, un petit écureuil de couleur noir me fera une démonstration d'équilibriste et de trapéziste.

Une buse se pose non loin de moi et se met à miauler pour défendre son territoire contre un second individu. Cette joute sonore durera une bonne demi-heure.

Vers 16 heures, après un bel orage, je retourne en forêt mais rien ne bougera, mis à part un brocard (chevreuil mâle) ainsi que les buses vues ce matin qui continuent leurs joutes en vocalisant à tour de rôle.

Le 1 juin 2012

Je prends la direction de la forêt à 4h30. Arrivé sur place, rien ne bouge et ne bougera de la matinée. Il arrive parfois que le voyage commence très fort. Par exemple, le jour de mon arrivée, j'ai vu 4 ours différents, dont une femelle avec un jeune de l'année à peine plus gros qu'un lièvre, puis plus rien ou quasi !

On verra cet après-midi !

Dans le courant de l'après-midi, je traverse tout un massif forestier pour mon repérage de la semaine, car demain, mes compagnons arrivent.

Je trouve des traces d'ours toutes fraîches à un endroit que je connais bien. Un peu plus loin, c'est une laissée d'ours toute fraîche aussi, l'endroit est donc bien fréquenté, nous y ferons un affût improvisé, c'est-à-dire au sol. À bon vent !

Je ne verrais pas encore d'ours pour cette fois, par contre, je croise la route, ou plutôt l'envol, de cinq petites chouettes. Je les observe à une dizaine de mètres et elles en font tout autant à mon égard.

Le 2 juin 2012

Je suis à l'aéroport où mes premiers compagnons de voyage ne vont pas tarder. Nous ne nous sommes pas revus depuis cet automne où je les avais guidé à la Biebrza pour le brame de l'élan, ainsi qu'une petite escapade à Bialowieza, où ils ont pu observer pour la première fois des bisons, un cerf bramant juste à leur coté, sans oublier les élans à la Biebrza. De là était née l'idée de l'approche aux ours pour ce printemps.

Les voilà. Je les invite à boire un pot en attendant nos deux prochains compagnons. C'est l'occasion de se remémorer tous ces souvenirs et de leur parler de mon voyage en Finlande. Ils semblaient très intéressés par cette destination et d'ailleurs, le choix leur avait été difficile entre la Slovénie et la Finlande.

Nos deux autres compagnons arrivent. En route pour notre hôtel où nous sommes attendus. Après avoir pris possession de nos chambres respectives et le déjeuner, nous partons pour une première prise de contact avec le milieu.  Peut-être trouverons-nous les tous premiers indices de présence du plantigrade, traces, fèces, marquage... Sans compter que si nous sommes chanceux, nous pourrons observer des espèces animales souvent discrètes évoluant dans l'une des plus grandes sylves d'Europe, cette forêt si particulière se trouvant dans le karst sur des éboulis.

Nous observerons une pie-grièche écorcheur, des sitelles nourrissant leurs jeunes et plus loin, nous découvrons des traces d'ours et observons des chevreuils dont un brocard avec des bois magnifiques.

Aucun ours pour ce jour, mais de magnifiques paysages et une très belle ambiance forestière.

Le 3 juin 2012

À l'aube, nous sommes déjà en forêt et nous observons un chevreuil et des buses. Nous trouvons sur un arbre mort en travers de la sente, le relief d'un repas d'un petit carnivore certainement dérangé par notre approche. Il a dû choisir d'abandonner son repas. Quand nous reviendrons sur nos pas, arrivés à l'arbre mort, plus rien. Il est certainement revenu entre temps.

Vers 9h, dans un endroit que j'affectionne tout particulièrement et que je surnomme l'ail aux ours, un ours est là. Il est en train de se nourrir en mangeant du maïs à un agrainoir.

Une voiture arrive par la piste. L'ours se cache derrière l'agrainoir et observe la voiture qui a stoppé. Il finit par s'éclipser sans faire de bruit et s'évanouit en quelques secondes.

L'après-midi, nous observons une cigogne muloter dans une prairie parsemée de fleurs. En grimpant dans la forêt, nous croisons un écureuil de couleur noir, puis un peu plus tard, ce sera un chevreuil que nous observerons.

Le 4 juin 2012

Nous assistons à un magnifique lever de soleil sur les montagnes. Dans une prairie, une chevrette se restaure, puis disparaît.

Toute une famille de geais se trouve à l'ail aux ours. C'est un adulte qui nourrit toute sa petite famille. Non loin de là, nous surprenons un ours qui disparaît aussitôt dans les buissons. Impossible de le retrouver, il a disparu sans bruit, tel un fantôme.

Nous prenons la route pour la plus grande grotte d'Europe, ainsi que pour le plus grand canyon souterrain de ce bon vieux continent.

La visite de la grotte est toujours un plaisir et un émerveillement. Nous observerons le protée anguillard, genre de salamandre cavernicole.

Puis nous pique-niquons sur une prairie parsemée de fleurs aux mille couleurs, des œillets de couleur rouge sanguin, et bien d'autres espèces.

Puis nous reprenons notre route pour le canyon. La visite s'enrichit par une colonie de chiroptères (chauve-souris). Nous percevons des infrasons, et de temps à autres, quelques-unes d'entre elles daignent se montrer.

Sur le chemin du retour, nous passons aux abords d'une grande zone humide où un couple de lièvres s'offre à notre regard, puis, une pie-grièche écorcheur.

Le 5 juin 2012

À l'aube levée, nous sommes dans la grande sylve. Nous croisons un écureuil noir. Il s'agit d'une particularité de l'écureuil roux qui, selon les endroits géographiques où il se trouve, arbore des robes différentes. La flore y est très riche, c'est un réel bonheur d'y voir autant d'espèces...

Nous nous rendons en haut des gorges. Là, nous observons une troupe de chamois avec leurs jeunes de l'année, prenant le soleil sur un promontoire.

Après le déjeuner, nous retournons aux gorges mais cette fois-ci, nous serons à l'intérieur. Sur le chemin, je m'arrête à côté de deux ruchers, l'un fixe, et l'autre mobile, installé sur une vieille camionnette, ce qui permet de le déplacer et de le poster aux meilleurs endroits selon la floraison.

Il est l'heure. Nous partons pour notre première nuit d'affût. Nous nous répartissons dans quatre affûts que séparent  plusieurs kilomètres. Ils sont dans des milieux bien différents : trois d'entre eux sont forestiers et le dernier se trouve sur une petite prairie.

Pour ma part, je suis en pleine forêt. Des geais et des pigeons ramiers viennent à tour de rôle pour se nourrir et se désaltérer dans une flaque d'eau en face de mon affût.

Le 6 juin 2012

Après ma nuit durant laquelle aucun ours n'a daigné se présenter, je vais chercher à tour de rôle mes compagnons. Sur la première place, je libère ma compagne. Un ours est passé en pleine nuit. Elle a très bien entendu. Apparemment, il se trouvait presque sous l'affût à se délecter de végétaux. Je lui montre d'ailleurs les traces de son ours quelle n'a pu voir  faisant nuit depuis peu. En repartant de l'affût, nous croisons une chevrette avec son petit chevrillard âgé d'une semaine, instant magique !

Nous nous rendons sur l'affût de la plaine. Nous libérons notre compagnon et sa compagne. Ils ont le sourire !

Un énorme mâle est venu à 20h. D'après la photo, c'est le plus gros mâle du massif, il pèse aux alentours des 300 kilos. Des cervidés sont aussi venus : cerfs, biches, chevreuils, ainsi que des lièvres.

Photo réalisée par Olivier Laurent

Pendant qu'ils nous racontent leur nuit, nous repérons un chamois sur la prairie en contrebas.

Sur la sente qui mène au véhicule, je leur montre dans des ornières remplies d'eau, des petits crapauds, des sonneurs à ventre jaune, des tritons alpestres, ainsi que des larves de salamandres.

Sur le chemin du retour à l'hôtel, nous rejoignons le dernier affût où nous récupérons notre dernier compagnon. Il est réjoui. Dix minutes après son arrivée hier, un ours est venu, puis un second. Le deuxième observe le premier, puis s'enfuit suivi du premier ours. Quelque minutes plus tard, le premier revient et creuse en quête de nourriture. L'observation dura bien de deux heures. Et, le matin, l'ours est encore revenu !

Nous rentrons à notre hôtel prendre un petit déjeuner qui est le bienvenu. En fin d'après-midi, nous retournons dans les affûts, mis à part que nous échangeons les places. Chacun prend l'affut d'un autre.

Toujours des pigeons et des geais, mis à part que je ne suis plus sur la même place !

Le 7 juin 2012

Pas d'ours pour cette deuxième nuit sur mon affût. Je prends la direction de celui où se trouve le petit couple. Ils sont dans l'affût où je me trouvais la veille. Arrivé sur place, je vais voir à la flaque d'eau et là je découvre des traces d'ours toutes fraîches.

Mes deux compagnons sortent de l'affût avec le sourire, ils ont pu observer l'ours hier. Il est venu et resté sur la place vingt minutes. Ils ont aussi vu des cervidés.

Nous partons rejoindre notre compagnon qui se trouve dans l'affût où se trouvait notre compagne la veille.

Arrivé à l'affût, nous apprenons que l'ours est passé de même que hier soir. Il est venu de nuit, peu de temps après le coucher du soleil et a mangé des végétaux.

Nous reprenons le chemin pour récupérer notre compagne qui se trouve à la plaine. Sur place, notre compagne a aussi le sourire. Enfin elle a observé son ours, un mâle, mais ce n'est pas l'individu qui a été vu par nos deux compagnons  la veille. Apparemment, l'ours est beaucoup plus petit, peut-être un mâle de 4 à 5 ans.

Nous partons après le petit déjeuner pour la tanière. Sur le chemin, je leur fais faire un petit détour par une petite barre rocheuse où un couple de faucons pèlerins niche. Là, nous observons toute la petite famille dont un individu perché à quelques mètres, c'est un jeune de l'année.

Photo d'un faucon pèlerin réalisée par Olivier Laurent

Puis nous reprenons la sente pour la tanière, encore 1h30 de marche. Arrivés à l'endroit, un aigle royal décolle. Sur le balcon rocheux, nous pique-niquons.

Il est l'heure de redescendre car ce soir nous passons une troisième nuit d'affût. De même que la veille, nous pivoterons, chacun prenant la place de l'autre, hormis que l'un d'entre nous restera à l'hôtel.

À minuit passé, un ours arrive sur ma place. Il est énorme et mange le maïs. Il reste presque trente minutes puis s'en va.

Le 8 juin 2012

Vers 7h, je pars récupérer mes compagnons qui n'auront pas vu d'ours mais des chevreuils et des lièvres.

Nous partons à l'hôtel prendre notre petit déjeuner. Juste après nous être restaurés, nous prenons la route pour un autre massif forestier assez éloigné. Nous y resterons toute la journée qui pour moi est certainement la plus belle de Slovénie, et la plus naturelle avec un aspect "sauvage"....

Arrivés au cœur du massif, je les emmène sur l'un des versants qui est steppique. Nous y rencontrons une flore vraiment particulière, orchidées, deux espèces d'iris bleu, l'un très petit et l'autre de taille normale, l'ornithogale des Pyrénées, etc...

Nous pique-niquons dans ce décor féérique, puis nous ferons une marche approche. Peu de temps après avoir commencé, nous rencontrons une chevrette avec un brocard.

Nous reprenons notre approche et, 2 km plus loin, un ours parviendra à nous berner. Nous aurons juste l'occasion de l'entendre et de le sentir.

À peine 200 mètres plus loin, alors que nous marquons un arrêt, un aigle royal adulte passe au-dessus de nous à plusieurs reprises. Il est attaqué par un autre rapace, bien plus petit, apparemment une buse.

Photo de l'aigle royal et de la buse réalisée par Olivier Laurent

Nous retournons au véhicule pour repartir et nous revoyons notre chevrette et un lièvre. Nous les observerons une bonne demi-heure. La chevrette semble peu rassurée car elle observe sans cesse en direction de la forêt, peut-être qu'un super prédateur y rode ?

Sur la piste, nous croisons des chevreuils et au détour d'un virage, une ourse au milieu de la piste, dressée sur ses deux pattes arrière, se tient là devant nous. Elle traverse et se fige dans les buissons à quelques mètres dans le contrebas.

Pendant ce temps, un ourson d'un an traverse derrière nous pour rejoindre sa mère. Plus loin devant nous, l'une de nos compagnes voit passer un second jeune.

Nous ne les reverrons pas.

Il est l'heure de reprendre la route pour revenir à notre hôtel après cette fabuleuse journée. En lisière, non loin de la forêt, un hybride de chat sauvage et de chat domestique est à l'affût.

Le 9 juin 2012

Deux de nos compagnons repartent très tôt ce matin. Nous les déposons à l'aéroport puis nous prenons la direction de la forêt dans l'espoir d'y croiser un ours et surtout, de profiter une dernière fois de cette nature sauvage, bien loin de la nôtre qui est aseptisée alors que celle-ci reste encore intacte.

Je m'arrête sur la piste non loin de l'ail aux ours. Notre compagne descend et s'écrie "Là ! Un ours !". Effectivement il y a bien un ours, un jeune mâle de trois à quatre ans qui nous regarde. Il a encore un comportement de "nunuche" car il est à moins de 10 mètres et ne sait pas trop ce qu'il doit faire. Il nous contourne, s'arrête, reprend son chemin plus bas, puis il remonte sur nous et finit par disparaître.

Pour nous, il est aussi l'heure de repartir en direction de l'aéroport pour prendre notre avion.

Un voyage s'achève, et peut-être que nous repartirons ensemble dans les contrées sauvages européennes !