Finlande - Carélie : Sous le soleil de minuit Du 21/04/2013 au 30/04/2013

Finlande - Carélie : Sous le soleil de minuit

Du 21/04/2013 au 30/04/2013 - 4 participants

Le 21 avril 2013

Mon premier compagnon me rejoint et, en attendant les autres, nous évoquons nos souvenirs de l'année 2009, période durant laquelle je l'avais guidé à travers l'Estonie et la Slovénie pour l'ours. D'ailleurs, cette expérience lui a permis d'écrire un livre "Une semaine chez les ours", en Pologne dans la grande sylve de Bialowieza.

Mon deuxième compagnon de voyage arrive à son tour. Un petit ennui avec son baguage qui ne l'a pas suivi. Je me rends au bureau où je donne nos coordonnées durant notre séjour. Normalement, demain, son baguage nous aura rejoints. L'hiver dernier, nous nous trouvions déjà ensemble à Bialowieza.

Il connait bien ce voyage en Finlande car, l'an  passé, il était aussi à mes côtés. Cette année, il restera durant les deux séjours car il espère bien faire de beaux clichés sur les tétras.

 Nos deux derniers compagnons arrivent. Cela fait deux ans que l'on ne s'était vus, lors du voyage en Slovénie pour l'ours. Ils avaient été courageux. Venant tout droit de Belgique en voiture et à peine furent-ils arrivés, que nous partions déjà en montagne à la recherche de l'ours.

Personne ne manque à l'appel et nous prenons la route pour une traversée de la taïga longue de 650 Km, durant laquelle nous observerons toute une multitude de lièvres variables, quelques cygnes sauvages. Nous arrivons à minuit trente, une nuit salvatrice nous fera le plus grand bien, même si le soleil ne tardera pas apparaître dans le ciel.

Le 22 avril 2013

6h30 du matin. Je suis déjà debout et je me balade tout en observant des becs-croisés des sapins.

La journée commence pour le mieux. À peine ai-je mis le nez dehors que déjà j'admire certains oiseaux peu communs et, quatre cents mètres plus loin, voilà déjà les premières traces d'ours.

Mes compagnons commencent par apparaître les uns après les autres et nous observons ensemble des durbecs. Une femelle sera retrouvée morte à côté des véhicules.

Puis, je leur montre les traces d'ours dans la neige.

Après le petit déjeuner, nous partons en balade. Nous observons sur un lac un couple de garrots à œil d'or. Plus loin, sur la route, nous descendons du véhicule pour une petite prise de contact avec la taïga, découverte d'une hutte de castor.

Il est grand temps de remonter à notre logement pour prendre notre dîner avant de partir pour notre première nuit d'affût sur une place commune à l'ours et aux gloutons.

Nous sommes donc en place vers 17h00 et nous nous répartissons dans des affûts individuels. Un ours apparaît à 19h30 en quête de nourriture. Il est magnifique, de couleur brun noir. Un renard apparaît dans des rochers, mais ne reste pas.

Nous apprendrons qu'un glouton est passé le lendemain matin.

Le 23 avril 2013

Nous rentrons de nos affûts pour un petit déjeuner bien mérité.

Nous partons à la recherche des rennes forestiers (sauvages). Nous en trouvons 3 dont l'un d'eux porte un collier émetteur. Plus loin dans la taïga, à quelques 20km des premiers, 7 à 8 individus surgissent devant notre véhicule, puis, sur une prairie humide, une belle troupe d'une trentaine.

Encore plus loin, nous observons des cygnes sauvages, des busards, sans compter les magnifiques paysages qui nous entourent.

En fin d'après-midi, l'un de mes compagnons choisit de se prendre une nuit supplémentaire pour l'ours. Normalement, cette nuit devait nous permettre de récupérer de la fatigue de la route.

Le 24 avril 2013

Notre compagnon nous rejoint et nous dit avoir observé deux ours. Fasciné par ceux-ci, il n'a pas réellement vu un pygargue à queue blanche qui est passé.

Après notre petit déjeuner, nous partons pour la ville faire quelques emplettes et le plein de carburant. Sur notre parcours, nous observons un couple de cygnes sauvages, des courlis cendrés, ainsi que des grues. Nous quittons ensuite la ville en direction de notre nouvelle nuit d'affût. Cette fois, ce n'est pas forcément l'ours et le glouton qui nous attendent, mais le loup et peut-être quand même l'ours !

Sur le chemin, nous croisons des jaseurs boréals.

Les dessins alambiqués des magnifiques lacs gelés rendent une impression quasi irréelle...

Presque arrivés à notre affût, une silhouette massive se lève dans la profondeur de la taïga. Un élan mâle, il ne porte qu'un seul bois sur la tête. Impossible de le prendre en photos tant la taïga est trop dense.

Lors de notre nuit,  ni loup, ni ours. Simplement deux oies cendrées nous rendent visite ainsi que de grands corbeaux, sans oublier des corneilles mantelées qui viennent nous tenir compagnie.

Vers 3h30, la lumière commence à colorer l'atmosphère. Sombre, inquiétante et envoûtante, elle nous transporte dans un monde fantastique... celui des loups. Nous nous imprégnons de la magie des lieux alors que les rayons du soleil percent déjà l'aube naissante, nous ramenant à la réalité, celle des hommes, d'un monde sans ombre pour nous inquiéter, nous qui vivons dans la lumière alors que les êtres vivants de cette planète sont obligés de se tapir dans la pénombre afin de nous éviter...

Le 25 avril 2013

En rentrant ce matin de notre affût, nous observons un chevalier cul-blanc, plusieurs courlis cendrés, un cygne sauvage ainsi qu'une femelle de grand tétras.

À 17h, nous repartons pour un affût ours / gloutons. En fait, c'est une place commune où les deux espèces viennent régulièrement.  Un ours surgit vers 19h20 du fond de la taïga. Il avance dans notre direction et vient longer le lac.

Petit clin d'œil aux médias ainsi qu'au monde de la chasse : il est facile de montrer ces animaux comme des êtres sanguinaires. Il suffit de bons clichés, et hop, le tour est joué. Que tout le monde se rassure, les personnes qui m'accompagnaient sont toujours vivantes avec tous leurs membres. Il ne s'agit que de mimiques nous n'étant absolument pas réservées, vu que nous nous trouvions en affût. Peut-être leur servent-elles à humer l'air pour les molécules car la saison des amours commence.

Bref, c'est vrai que ce gros mâle n'est guère engageant. Je pense que cela vient de ses nombreuses altercations avec ses rivaux mais il faut savoir faire la part des choses. Par exemple, éviter de tirer un ours qui vous tourne le dos pour plaider la légitime défense.... ce n'est qu'un exemple... À bon entendeur !

Puis un deuxième ours fait son entrée sur la place. Il est très sombre. Apparemment, c'est le même que lors de notre premier affût.

Un pygargue a repéré un butin. Il se pose, suivi par une horde de grands corbeaux. Obligés de s'écarter, ceux-ci font place au seigneur des airs mais, malgré tout, ils resteront sur le pourtour de la scène.

Les ours vont et viennent à la recherche de leur pitance et passent à plusieurs reprises à quelques mètres, voire moins d'un mètre de nos caches. L'un de ces plantigrades est venu jusqu'à ma cache pour sentir... L'obscurité fait place au jour.

À 4h00 du matin, je suis réveillé par les bruits de pas dans l'eau d'un ours qui passe à côté de mon affût.

Une brume enveloppe la tourbière et l'ours évolue dans une scène féerique où la magie règne en maître...

Tout cela faisait partie de mes rêves d'enfants. Certains rêvent d'être pompier ou encore soldat, voire même cosmonautes. Pour ma part, c'était tout simplement d'observer la faune dans les plus beaux paysages qui soient, enrichis de ces atmosphères magiques...

Le 26 avril 2013

Nous dévorons notre petit déjeuner, une telle nuit met en appétît !  Nous nous reposons avant notre prochaine nuit d'affût. Certains choisissent de faire un somme et d'autres se retrouvent à l'affût des oiseaux et des écureuils.

Nous dînons, puis certains partent pour les tétras lyres, mais l'un de mes compagnons préfère retourner à l'affût de la veille. Nous nous y rendrons ensemble alors que les trois autres partirons à 1h du matin pour l'affût aux tétras lyres.

Nous attendrons très peu de temps avant qu'un ours ne fasse sont apparition suivi d'un second, beaucoup plus gros.

À contre-jour, leur silhouette se découpe et s'enflamme de mille feux sous les rayons du soleil, l'occasion de réaliser de belles photos.

Mon compagnon situé dans un autre affût non loin de là, observera, dans le courant de la nuit, un glouton traversant le lac gelé.

Au petit matin, vers 4h30, un ours se tient couché dans des bruyères avec le dos gelé.

Le 27 avril 2013

La nuit écoulée, nous retrouvons nos compagnons qui ont observé la parade d'un tétras lyre mâle, malgré qu'il soit seul.

En fin d'après midi, trois d'entre eux partent pour un affût aux gloutons alors que l'un de mes compagnons et moi-même allons aux grands tétras.

Nous sommes sur place à 20h00. À travers la taïga, nous avons vu dans la neige des traces d'ours et d'élans.

Vers 20h45, nous entendons les tétras se brancher au-dessus de nos tentes d'affûts. Aux alentours de 2h30 - 3h00, ils commencent leurs parades : un mâle se tient non loin de nous, un second parade presque en face mais il est caché par des arbres dans lesquels des femelles font entendre leurs gloussements.

Magnifique spectacle que dame nature nous offre...

Le 28 avril 2013

Nous rentrons pour notre petit déjeuner salvateur et nos trois compagnons nous rejoignent, heureux de leur nuit. Ils ont observé 2 gloutons à partir de 19h, puis un ours en pleine nuit est venu les réveiller.

Au matin, un glouton repasse vers 7h.

Quelle belle nuit...

Après l'échec de notre nuit d'affût pour le loup, mes compagnons désirent reprendre une nuit supplémentaire pour cet animal mythique, tandis que notre compagnon qui doit rester pour le second séjour, mise quant à lui sur les grands tétras, son but étant de faire quelques bons clichés sur ces deux oiseaux, le grand et le lyre...

En début d'après-midi, nous prenons la direction de notre dernier affût pour ce séjour. Arrivés sur place, notre compagnon part de son côté pour un affût grand tétras, et nous pour celui aux loups...

Rien ne bouge. L'un de mes compagnons, septique, met en doute la chose alors que nous nous connaissons bien. Pourtant, il a vu mon carnet de voyage, et nous nous trouvons exactement au même endroit.

La nature ne peut se commander. En effet, c'est une place unique d'observation en Europe pour les loups, non pas à 300 mètres mais entre 100 et moins de 30 mètres et de plus, vision du sol et non pas perché au sommet d'une tour comme en Espagne.

Un ours arrive un peu tard mais bon, même en ombre chinoise, c'est toujours mieux que rien. Puis un second passera plus tard et, au petit matin, un 3ème très gros passe à 5 mètres de l'affût : il est énorme, peut-être 300 kg.

Il y a très peu de lumière : 3h du matin, c'est un peu juste.

Le 29 avril 2013

Au petit matin nous découvrons des traces d'ours à côté de notre affût, elles sont vraiment énormes. Quel ours ! D'après ces traces, il faisait minimum 300 kg au bas mot...

J'ai comparé avec mon pied sur les photos, à savoir que je chausse quand même du 43. Il s'agit des traces des postérieurs de l'ours avec lesquelles j'ai fait la comparaison.

Plus loin, nous trouvons la piste d'un autre ours dans la neige, celui-ci est de taille nettement plus petite. D'autres choses attirent notre attention : les flaques d'eau gelée, véritable œuvre d'art éphémère...

Puis sur la piste, c'est un torrent qui nous stoppe, se frayant un chemin malgré la neige en la crevassant.

Nous constatons en multiples endroits que cette nuit a été bénéfique aux ursidés : effectivement, nous croisons des pistes d'ours un peu partout dans la neige...

Nous retrouvons notre ami qui, pour sa nuit au grand tétras, n'aura eu guère plus de chance que nous. Les tétras étaient là mais à 120 mètres de sa position alors que la veille, ils se trouvaient juste devant la tente d'affût.

Nous reprenons la direction de notre logement à un peu plus de 100 Km de là !

Nous avons le cœur serré car en ce début d'après midi, nous prendrons la route pour Helsinki. Tout a une fin...

Après les adieux, et pour ma part souhaitant bonne chance à notre compagnon qui va attendre mon retour d'Helsinki avec nos nouveaux compagnons, je lui ai offert deux nuits d'affûts pour qu'il ne s'ennuie pas lors de mon absence, et qu'il réussisse ses clichés sur les tétras lyres et grands.

Nous partons de nos chalets. À peine fait 150 mètres qu'un grand tétras mâle sort à 20 mètres du devant du véhicule en parade nuptiale. C'est un comble ! Le seul qui s'est focalisé sur cette espèce se trouve au chalet à 150 mètres derrière nous...

Durant le trajet, nous nous arrêtons pour observer un rassemblement de plus de 100 cygnes sauvages sur une prairie, accompagnés par des courlis cendrés, des vanneaux huppés, et divers chevaliers...

Nous nous arrêtons au bord d'un lac où j'ai réservé des appartements pour la nuit.

Le 30 avril 2013

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, nous prenons la route en direction de l'aéroport.

Arrivés à destination, nous prenons un dernier pot ensemble. Mes amis belges envisagent de venir l'année prochaine à Bialowieza.

Pour mon troisième compagnon, il envisage d'arrêter de voyager. Cela va lui être dur, lui qui a passé toute sa vie à voyager... Mais bon, c'est son choix. Je lui donnerai des nouvelles de mes voyages.