Bialowieza en hiver Du 09/02/2013 au 16/02/2013
Ne perdez pas la boussole ! Suivez-moi dans mes voyages.
Découvrez, jour après jour, mes notes et mes photos.
Faunes et paysages merveilleux sont au détour de chacun d'eux.
Bialowieza en hiver
Du 09/02/2013 au 16/02/2013 - 1 participant
Le 09 février 2013
Après les au revoir à mes trois compagnons du précédent voyage, nous prenons de suite la route pour Bialowieza.
À destination, mon compagnon est accueilli chaleureusement. Il connaît déjà nos hôtes pour être déjà venu en novembre 2011 découvrir la grande sylve en ma compagnie, ainsi que la vallée de la Biebrza.
Une courte nuit nous attend aussi est-il temps de se coucher pour un sommeil réparateur.
Le 10 février 2013
Alors qu'il fait encore nuit, nous nous préparons. Il est temps de partir afin de profiter de la première heure de l'aube naissante. Je prends la direction de la zone où, la semaine dernière, se trouvaient les 3 taureaux. Arrivés à l'endroit, nous distinguons effectivement la silhouette massive des bisons.
Tout en observant ces animaux tout droit sortis de la préhistoire, un hurlement retentit, suivi d'un second. Plusieurs minutes durant, nous entendons le récital des loups accompagnés des bisons se tenant à moins de trente mètres.
Quel instant ! Pour rien au monde je n'échangerais tout cela... À l'instar d'un décor de Walt Disney, ce lieu fantastique en plein cœur de la forêt, où se mêlent magie et féerie, nous invite à vivre un rêve éveillé dans un monde imaginaire.
Verrons-nous surgir un mammouth ? Un rhinocéros laineux ou encore un aurochs ? Malheureusement non ! Ce temps est bien révolu. Dans ce monde imaginaire où je me transporte allègrement, nous enfourchons la machine à remonter le temps qui nous propulse à cette époque. Nous y admirons les grands troupeaux d'herbivores qui parcourent les grandes plaines d'Europe et les forêts immenses... Quel rêve !
Notre bison, tout comme les ours, les loups et bien d'autres espèces de notre vieux continent, me permettent en effet de rêver à ces temps anciens en parcourant les grands espaces sauvages européens que notre civilisation dévastatrice n'a pas encore ravagés tel un ouragan...
Nous reprenons la piste. Au même moment, un pygargue à queue blanche passe juste au-dessus de nous.
Dans l'après-midi, nous basculons à l'extrême nord de la forêt dans l'espoir d'observer un troupeau de bisons. Nous sillonnons plusieurs places : la dernière est enfin la bonne.
Des formes dans le lointain me font dire que ce sont des bisons. Nous nous rapprochons. Il s'agit d'une petite troupe de douze individus. Nous les observons et je ne peux m'empêcher, en voyant les innombrables indices de présence, de penser que c'est seulement la partie émergée de l'iceberg.
Au vue des traces, j'estime qu'ils sont au moins une bonne trentaine. Je fais part de mon hypothèse à mon compagnon de voyage pour juger de son ressenti et celui-ci abonde dans mon sens. Nous reviendrons une prochaine fois pour vérifier notre sentiment.
Nous rejoignons les trois compères vus ce matin qui sont toujours fidèles au poste. Ils ne relèvent quasiment plus la tête à notre approche, preuve qu'ils deviennent relativement confiants, Juste à nos côtés, quelques frênes arborent encore beaucoup de fruits qu'une multitude de passereaux s'occupent à manger. Ce sont des bouvreuils pivoines. Quelques bruants jaunes et des tarins des aulnes se tiennent à distance.
Alors que le crépuscule tombe doucement, des cris d'un lynx en rut retentissent. Les chants d'amour du félin, vocalises que j'avais déjà entendues la semaine dernière, finissent sur une bonne note cette journée.
Le 11 février 2013
Dès l'aube, nous recherchons des bisons au cœur même de la forêt hercynienne. Dans une demi-pénombre, une forme se découpe, celle d'un seigneur, un majestueux taureau qui cherche sa pitance.
Nous l'observons pendant plus d'une heure et demie.
Non loin, plusieurs bandes de mésanges à longue queue passent d'arbustes en arbustes, ainsi que d'immenses nuées de tarins des aulnes, en quête de quelques graines oubliées ici-et -là...
En fin de matinée, nous jouons la prudence. Nous retournons voir nos trois bisons qui, toujours aussi ponctuels, se laissent désormais approcher sans mal. Nous nous installons à une vingtaine de mètres. Apparemment nous ne les gênons absolument pas, ils continuent leur petite vie tranquillement.
À l'instar des tarins des aulnes et des bruants jaunes qui passent dans le ciel d'arbre en arbre telles des nuées de sauterelles, des bouvreuils pivoines s'affairent à trouver, coûte que coûte, de la nourriture.
Dès le début de l'après-midi, la neige se met à tomber sans discontinuer, rendant ainsi une atmosphère digne de l'ère glaciaire. Nous y restons jusqu'en début de soirée, contemplatifs.
Les quatre photos ci-dessus ont été réalisées par mon compagnon : Mr David Wolberg.
Photographe émérite, je vous invite à visiter son site pour découvrir les photos de notre voyage en suivant les liens ci-dessous :
http://www.david-wolberg-photographe.fr/galerie.php?id=37&id_gal=
http://www.david-wolberg-photographe.fr/galerie.php?id=23&id_gal=140
Le 12 février 2013
Nous longeons un immense marécage. Alors que l'aube ne fait que poindre à l'horizon, le paysage se drape d'une nappe de brume qui s'étire tel un voile au-dessus du marais.
Les premières lueurs sont filtrées sous cette enveloppe évanescente donnant une lumière plus douce que les photographes sauront apprécier.
Après plusieurs prises de vues de ce paysage aux couleurs froides et à l'ambiance enchanteresse, nous reprenons notre chemin en direction de nos trois taureaux. À peine arrivés que dame Nature s'apprête à donner l'une de ses plus belles représentations : un extraordinaire lever de soleil dans une atmosphère digne de la grande Bialowieza.
La brume s'enflamme alors que le ciel devient écarlate. C'est comme si toute la Création s'irisait de mille feux sous l'éclat du soleil, donnant naissance à la vie. De cette clarté changeante, des tableaux naturels apparaissent et se succèdent. Quel émerveillement !
Une nuée d'oiseaux traverse le ciel rougeoyant, se dirigeant vers la grande sylve. Aujourd'hui, nos compères ne sont que deux, ils grattent la couche de neige afin de mettre à jour les herbes sèches recouvertes par celle-ci.
Une fois le soleil haut dans le ciel et la lumière adoucie, nos deux bisons se sont tranquillement installés en lisière pour une petite sieste ruminatoire. Nous les laissons en paix.
C'était une matinée magique ! Je dis toujours à mes différents compagnons du moment que mes voyages ont un "rythme soutenu" et que, pour les personnes le désirant, il est toujours possible de s'accorder une matinée de repos, tout en sachant que le guide, c'est-à-dire "moi", sera en forêt et reviendra en milieu de matinée.
Ce jour-là, un instant rare venait de se produire, nous en avons pleinement profité.
Nous repartons pour le nord où se trouve le petit troupeau de bisons. En chemin, nous observons un renard qui mulote. Parvenus à destination, notre troupeau est bien présent, mais avec une petite nuance : ce ne sont pas les mêmes individus : beaucoup de taureaux adultes, moins de veaux et de vaches.
En nous éloignant, nous croisons cinq biches puis un renard qui baguenaude dans une prairie. Nous rencontrons aussi une douzaine de cervidés et, plusieurs kilomètres plus loin, un sanglier surgit sur la piste. Quelle journée !
Le 13 février 2013
Ce jour sera-t-il comme hier ? Nous le saurons très vite. Le petit déjeuner englouti, nous partons à notre endroit favori, le repère de nos amis les taureaux. Il n'y aura pas de merveilleux lever de soleil, par contre nos bisons sont bien fidèles au poste...
En repartant, nous apercevons, un troisième bison qui se tenait un peu plus loin. Nous nous dirigeons vers le nord, là où le troupeau est stationné. Peut-être découvrirons-nous enfin le troupeau dans sa totalité.
Arrivés sur place, nous n'en croyons pas nos yeux. Il y a bien un grand troupeau. Nous commençons à les compter et nous dénombrons une soixantaine d'individus qui se répartissent entre les veaux, les vaches, les génisses, les taurillons et, bien sûr, les taureaux...
Ils nous côtoient à quelques dizaines de mètres et se rassemblent au centre de la plaine. Puis, pour la plupart, ils se couchent, formant une énorme galette noire au milieu de cette neige.
Deux taureaux joutent, cela leur permet d'évaluer la force de chacun et d'instaurer une hiérarchie. Voir ces animaux constitués que de muscle et approchant les 800 kg s'affronter de la sorte, nous offre un spectacle vraiment impressionnant.
La tranquillité revient au sein du troupeau. Une bonne heure est passée. Puis des bisons commencent à se relever et le troupeau émerge de sa torpeur. La marche lente et silencieuse reprend.
Telle une procession religieuse, le long cortège se dirige tout droit sur la grande sylve où il trouve protection et tranquillité auprès des chênes plus que séculaires.
Ils disparaissent tels des fantômes s'évanouissant au cœur de la grande Bialowieza, elle qui ne nous dévoile qu'une petite bribe de sa longue existence. Nous quittons ces lieux enchanteurs et nous nous dirigeons dans la partie centrale de la forêt.
Nous croisons un bison, puis deux jaseurs boréals passeront d'arbre en arbre...
Le 14 février 2013
Ce matin, nous changeons de secteur et nous partons vers l'extrême ouest de la forêt. Là, nous attend une grande prairie forestière mais, avant cela, un petit détour du côté de nos taureaux, toujours là, réglés comme du papier à musique. À-peu-près à la même heure, ils vont se coucher. Entre temps, non loin de notre position, alors que les observons, nous aurons droit à un concert de loups.
Nous reprenons notre chemin car nous sommes encore loin de la prairie, environ 22 Km.
Arrivés sur place, nous suivons des traces de renards qui, apparemment arpentent régulièrement la prairie à la recherche de quelques campagnols et autres mulots...
Il y a des traces fraîches d'une petite troupe de bisons mais ils ne sont pas sur le secteur. Une énorme silhouette traverse le ciel, un pygargue. Quel oiseau majestueux !
Nous finirons la journée en compagnie de nos trois bisons. Nous nous trouvons à une vingtaine de mètre d'eux. Ils nous ignorent ou, peut-être, nous considèrent-t-ils comme faisant partie du décor.
Des bouvreuils se posent dans un frêne et finissent les quelques graines qui restent. La neige commence à tomber.
Le 15 février 2013
Nous prenons notre café tout en parlant de notre dernière journée. D'un accord commun, nous décidons de remonter une nouvelle fois dans le nord de la forêt pour revoir le grand troupeau.
Sur le chemin, nous croisons un renard. Arrivés sur place, nous nous installons à l'affût. Pour le moment, aucun bison n'est sorti, par contre un renard mulote puis un second. Entre temps, des cervidés sortent sur la plaine.
Deux heures se sont écoulées et enfin les premiers bisons font leur apparition. Ils ne sont pas nombreux, une dizaine, mais le spectacle est fort sympathique.
Le 16 février 2013
Nous faisons nos adieux à nos charmants hôtes car nous avons 4 à 5 heures de route pour rejoindre Varsovie. Avec David, nous avons passé une semaine riche d'émotions. Il envisage cet automne de m'accompagner sur une autre destination : le brame de l'élan à la Biebrza.