Carnet de voyage
Ne perdez pas la boussole ! Suivez-moi dans mes voyages.
Découvrez, jour après jour, mes notes et mes photos.
Faunes et paysages merveilleux sont au détour de chacun d'eux.
Préambule :
Dans ce carnet de voyage, vous trouverez un argumentaire pour le loup. Il vous apprendra tout ce qu'il faut pour plaider la cause du loup et pour informer certaines personnes colportant des inepties sur le sujet !
Depuis juin 2013, aucune parution de mes carnets de voyage et je m'en excuse auprès des personnes qui attendaient leur parution. Les carnets sont en préparation : je commence par les plus récents pour arriver aux plus anciens, juin 2013. Lisez ces carnets et place à la rêverie...
Pologne - Bialowieza - Le bison et le loup
Du 31/10/2014 au 10/11/2014 - 3 participants
Le 31 octobre 2014
Mes compagnons de voyage arrivent à Varsovie. C'est la première fois que nous voyageons ensemble. Je prends la direction de Bialowieza. Quatre heures se passent avant d'arriver au sein de la grande sylve mythique.
Nous profiterons du trajet pour faire connaissance les uns avec les autres.
Enfin, nous arrivons chez nos hôtes.
Le 01 novembre 2014
Le lendemain, aux aurores, je les emmène sur une grande plaine ou régulièrement des bisons sortent. Là, comme je le pressentais, 3 taureaux sont sortis. ils se trouvent dans une légère petite brume.
La magie de cette première rencontre enchante mes compagnons. Nous allons à la rencontre de ces animaux tout droit sortis des âges farouches et nous les approchons à une cinquantaine de mètres.
Ils sont vraiment de toute beauté. J'ai l'impression à chaque rencontre d'utiliser une machine à remonter le temps et de me plonger en plein cœur de la préhistoire, là où les premiers hommes côtoyaient cette espèce au quotidien, sans compter bien d'autres telles que les mammouths, les rhinocéros à poil laineux ou encore les aurochs ...
Nous repartons dans les profondeurs de la forêt, alors que celle-ci s'éveille doucement dans la brume. Les oiseaux s'activent déjà et leurs chants retentissent dans les sous-bois.
Nous assistons aux premières lueurs de l'aube sur cette véritable splendeur sauvage. Un bruit nous parvient, un hurlement de loup alors que quelques secondes auparavant, nous étions arrêtés, à l'écoute d'un animal dissimulé derrière une petite colline.
L'animal en question s'est évaporé sans le moindre bruit, mais là, à moins de 600 mètres un loup appelle. Je sais où il se trouve, connaissant parfaitement cet endroit, il est sur une petite prairie.
Aucune hésitation à avoir. Je conduis mes compagnons tout en leur précisant de bien faire attention à chacun de leurs pas, le sol est jonché de feuilles et de branches. Nous n'avons pas le droit à l'erreur.
Après une approche longue et difficile, je découvre à travers les troncs une silhouette qui nous tourne le dos installé sur la prairie et qui a l'air de se préoccuper de ce qui se passe dans la roselière. C'est bien un loup et apparemment pas n'importe quel loup. Je le connais pour l'avoir rencontré au mois d'octobre dernier. Il était déjà venu à notre rencontre en parcourant plus de 200 mètres.
Je distingue une vague silhouette derrière dans la haute futaie, une forme grise.
En quelques secondes, un deuxième loup apparaît, totalement soumis au premier d'après son comportement. À sa physionomie, il s'agit d'une louve alors que celui observé en octobre était un mâle, le mâle alpha sans aucun doute d'après le comportement que nous observons.
Les deux photos ci-dessus ont été réalisées par l'un de mes compagnons de voyage : Mr Gyger Claude
Il n'est pas très farouche et pourtant c'est un bel adulte, tandis que la louve reste méfiante. Le temps passant, elle fera confiance à son mâle alpha et finira par se coucher dans la prairie, alors que son partenaire nous snobera.
Dire qu'il y a moins d'un mois, ce mâle alpha était venu à notre rencontre et là, il nous porte aucun intérêt !
Nous les observons 45 minutes. Ils ne s'intéresseront pas à nous mais, par contre, la louve gardera toujours un œil ou une oreille vigilante à notre égard.
Cela casse le mythe du grand méchant loup, ou peut-être pas ?
Pour mes compagnons de voyages, oui ! Mais pour un directeur de parc national français qui autorise au sein même de son parc des battues d’effarouchement ( À savoir qu'à l’extérieur attend une ligne de chasseurs armées jusqu’aux dents, et non pas avec de gros pétards mais plutôt version "tontons flingueurs" ) ! Il faut admettre que certaines personnes croient encore dur comme fer que le petit chaperon rouge y a laissé sa vie et que Ysengrin, le loup, a une âme vile et obscur, pour que des gens aussi intelligents, ministre de l’environnement, directeurs de parcs nationaux, sans oublier les directeurs des parcs régionaux, se mettent à vouloir éradiquer cet animal fourbe et malveillant qu'est Ysengrin le loup !
La photo ci-dessus a été réalisée par l'un de mes compagnons de voyage : Mr Gyger Claude
Je pense que cela doit vouloir dire que nous avons risqué notre vie, mes camarades de voyages et moi-même, et que je suis totalement inconscient de risquer leur vie en les emmenant directement dans la gueule béante de ces animaux assoiffés de sang, incriminés dans le crime honteux du petit chaperon rouge. Notre ministre de l’environnement l'a dit " les petit n'enfants ont peur du grand méchant loup, alors tuons les !".
Bon certes, je l'avoue, je déforme un peu, mais tellement peu ! J'ai l’impression d'être revenu au moyen âge, alors que mon pays se dit civilisé et donne des leçons aux autres ...
J'ai honte, honte qu'un pays comme le mien s'empresse de vouloir montrer l'exemple dans le monde, alors qu'il n'est même pas capable de faire une place à l'un des plus beaux ambassadeurs de la grande faune sauvage de notre vieux continent.
Par contre, c'est l'un des premiers à dire aux africains qui crèvent de faim, c'est pas bien de tuer ces pauvres éléphants qui ravagent vos cultures, c'est le patrimoine mondial quand même !
Faites ce que je dis mais pas ce que je fais !
Nous rentrons pour une collation bien méritée.
Vers 14 heures, nous sommes de nouveaux aux prises avec trois de ces loups au détour d'un croisement. L'un d'eux sentira quelque chose de plus intéressant et partira dans les profondeurs forestières, tandis que les deux autres nous regardent.
L'un d'eux se couche, l'autre nous observe, intrigué. Nous nous rapprochons à pas de loup, non pas vraiment, plutôt de géants, et en quelques minutes nous sommes à 200 mètres, rejoints par deux polonais qui passaient la et on était intrigués de nous voir scruter ce chemin. Sur ce, je leur ai signalé la présence des loups.
Ni une ni deux, ils se joignent à nous, équipés de leur matériel photos.
Les loups resteront un quart d'heure, puis considérant que nous sommes trop près, ils préféreront s'éclipser gentiment, certainement sans vraiment nous quitter du regard.
Après cette première journée, comment dire, quasi irréaliste, je ne peux m’empêcher de penser qu'il faut se rendre à 2000 km de chez soi pour vivre cela, alors que je pourrais le vivre dans mon propre pays.
Si certaines personnes trouvent que je n'ai pas été politiquement correct, je m'en excuse auprès d'elles. Ce n'est pas mon pays le problème, mais simplement l'attitude de certaine personnes qui, pour plaire à leurs électeurs, sont prêtes à tout, même à se fourvoyer.
Je me sens tellement impuissant devant tout cela. Alors que cela fait maintenant plus de 20 ans que j'observe les grands prédateurs d'Europe, cela me rend triste de constater que dans un pays comme le mien, nous ne faisons que reculer.
Je me souviens très bien quand j'avais 14 ou 16 ans et que tout le monde me disais ça va changer ! C'est vrai, ça a changé, nous reculons !
Les parcs nationaux vont changer plus ou moins leurs statuts, mais pas pour améliorer la protection des milieux de la flore ou de la faune, mais pour faire du business !
Problématique du loup
Un peu de lecture pour une prise de conscience. Prenez bien soin de tout lire jusqu'au bout et de vous servir des liens pour en apprendre plus et ainsi, devenir incollable sur le sujet.
Article sur : http://loup.fne.asso.fr/fr/sur-les-traces-des-predateurs/loup/argumentaire.html
Argumentaire
Le but de cet argumentaire n’est pas de nier la contrainte supplémentaire que représente le loup pour l’élevage, nous l’avons reconnue depuis le début. C’est pourquoi, nous persistons à approuver que le retour de ce grand prédateur s’accompagne de la prise en charge par l’Etat des mesures de protection des troupeaux. Cependant, l’impact de cette présence doit être relativisé et ne pas être utilisé pour masquer les principales difficultés de l’élevage ovin qui, ne l’oublions pas, persisteraient même sans loups... Or, le « loup bouc émissaire » existe : il représente un levier politique fort pratique pour certains syndicats agricoles et pour des élus démagogues et opportunistes. Nous passerons donc en revue les principales critiques faites à la présence du loup, après avoir répondu à la question clé :
« Pourquoi le retour du loup pose-t-il tant de problèmes en France ? »
Tout d’abord, parce que ce retour s’effectue après plus d’un demi-siècle d’absence. Entre temps, les éleveurs ont développé de nouvelles pratiques pastorales et les gestes ancestraux permettant de garder un troupeau en présence de grands prédateurs ont été oubliés (ou abandonnés par souci d’économie), à l’inverse de pays comme l’Italie ou l’Espagne où le loup n’a jamais disparu. Ensuite, parce que le loup revient dans un contexte fort difficile pour l’élevage ovin : il est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! De plus, l’espèce est toujours diabolisée. La peur du loup apparaît avec la christianisation : pour la religion de l’agneau, le loup est l’incarnation du mal. Aujourd’hui encore, notre représentation de l’animal est souvent irrationnelle et sans commune mesure avec la réalité. Le retour de cette espèce exterminée par l’homme semble ressenti comme un camouflet, d’autant plus que beaucoup d’opposants au loup continuent à nier la réalité et restent persuadés qu’il ne s’agit pas d’un évènement naturel mais d’une présence imposée par les « écolos citadins »...
« Si le loup a été éliminé par nos ancêtres, c’est qu’ils avaient de bonnes raisons ! »
L’histoire nous prouve, hélas, que nos actions passées ne sont pas une référence - loin s’en faut - et ne nous honorent pas forcément... Dans ce cas précis, le contexte socio-économique actuel n’a plus rien à voir avec celui des siècles passés. Aujourd’hui, l’élevage est largement subventionné (à environ 60 %) et le bétail tué par le loup est indemnisé ; ce n’était pas le cas du temps de nos ancêtres et la prédation du loup sur un petit élevage familial pouvait, il est vrai, poser de vraies difficultés à une famille de paysans. S’ajoutaient à cela, les peurs et les croyances populaires sur le loup dont on sait maintenant qu’elles n’étaient pas fondées. Le montant des primes attribuées pour chaque loup tué justifiait aussi grandement la vindicte paysanne : à la fin du 19e siècle, une prime équivalait à un mois de travail d’un paysan... de quoi trouver tous les défauts du monde à ce pauvre loup !
« Le loup met en péril le pastoralisme »
En 2006, la perte de 2500 brebis a été imputée au loup dans les Alpes, en sachant que le doute profite systématiquement à l’éleveur (voir Responsabilité du loup). Parallèlement, et toutes causes confondues (chiens, maladies, foudre, dérochements), on estime à 46 000 chaque année le nombre de moutons tués ou perdus à l’échelle des Alpes françaises sur un total de 850 000 bêtes (et environ 400 000 au niveau national sur un total de 9 millions).
Le loup peut, certes, être une contrainte de plus pour les éleveurs et les bergers mais il ne représente pas une menace économique pour l’élevage ovin qui doit faire face à des difficultés bien plus importantes :
- D’abord, le contexte économique : la filière ovine, confrontée à la mondialisation des marchés et à la baisse régulière des cours de la viande, connaît une véritable récession. Les éleveurs français subissent une très forte concurrence de la Nouvelle-Zélande et de la Grande-Bretagne (celle-ci compte 40 millions de moutons contre 9 millions pour la France). La production française est en baisse depuis 20 ans et ne couvre plus que 40 % de la consommation totale de viande d’agneau (60 % de la consommation nationale sont donc importés). Sans les primes, qui représentent plus de la moitié du revenu des éleveurs, l’élevage ovin ne serait plus rentable. D’où la disparition progressive du métier de berger dont le coût ne peut plus être supporté par les petits éleveurs.
- Ensuite, le contexte sanitaire : s’il est vrai qu’en 5 ans, de 1993 à 1997, la mort de 5000 brebis a été imputée au loup, les maladies ont provoqué bien plus de dégâts dans les troupeaux. : durant cette période, la seule brucellose ovine (maladie transmissible à l’homme) a occasionné l’abattage de 50 612 moutons contaminés dans la seule région PACA (les chiffres de cette maladie – heureusement en régression – ne sont plus publiés, c’est pourquoi, nous ne pouvons fournir ici de données actualisées). Le traitement de cette maladie a un coût pour la collectivité : 43,5 millions de francs en 1996. Les brebis abattues sont remboursées 64 € à l’éleveur. En cas d’attaque de loup, la moyenne des indemnisations est de 155 € par animal. La brucellose n’est pas la seule maladie de l’élevage, on peut aussi citer la tremblante ou l’agalactie contagieuse (4 500 brebis abattues en 1993 dans les Pyrénées), ou encore la langue bleue qui est en progression. Cet impact, nettement supérieur à celui du loup, n’est curieusement pas apprécié de la même manière... François Moutou, vétérinaire, remarque « qu’il serait dommage que l’énergie développée contre la présence du loup se fasse au détriment des actions sanitaires, nettement plus chères pour la société » (voir Coût des maladies de l'élevage). Le nombre d’animaux envoyé à l’équarrissage est lui aussi stupéfiant : 700 000 ovins-caprins en moyenne chaque année, en France, dont 12 000 dans les Alpes du Sud. Et ce chiffre ne tient pas compte des brebis mortes en montagne et qui ne sont pas redescendues.
- Enfin, les chiens errants : le problème posé aux troupeaux - et à la faune sauvage - par les chiens en divagation (en France, il n’y a quasiment pas de chiens ensauvagés) est permanent et propre à toutes les régions. En extrapolant les études menées dans certains départements (74, 05,38 + enquête nationale de G. Joncour) avant l’arrivée du loup, on évalue à au moins 100 000 le nombre de moutons tués tous les ans par des chiens. Soit environ 15 000 à l’échelle des Alpes. Cependant, la façon d’estimer l’impact du loup, comparativement à celui des chiens, est influencé par notre imaginaire, l’inconscient collectif et notre relation à la nature. L’exemple des morsures de chiens est significatif de cette différence d’appréciation : la France enregistre chaque année, en moyenne, 200 000 cas de morsures de chiens sur les humains et il arrive même que des enfants soient tués. On ne met pas à mort pour autant tous les chiens ! En revanche, quand le loup tue quelques centaines de moutons (destinés à l’abattoir), on demande son éradication... On n’ose bien sûr imaginer le tollé que produirait une attaque de loup sur un homme !
C’est faux. De nombreux exemples dans le monde entier prouvent le contraire (Italie, Espagne, Europe de l’Est, Nord-Ouest des Etats-Unis, etc). Dans le Wyoming et le Montana, par exemple, les éleveurs travaillent en présence de nombreux prédateurs : grizzly, loup, puma, coyote... et obtiennent d’excellents résultats grâce au gardiennage des troupeaux et aux chiens de protection. Depuis 1993, la protection des troupeaux a grandement évolué en France et a démontré son efficacité ; les attaques sont en baisse constante sur les troupeaux où la prévention est correctement utilisée.
En Savoie, 72 % des brebis dont la mort est attribuée au loup sont issues de troupeaux non protégés, 4 % seulement sont issues de troupeaux bien protégés (étude DDAF 2004). Rappelons que la protection des troupeaux est prise en charge au moins à 80 % par l’Etat et l’Europe (chiens patous, bergers et aides-bergers, clôtures électrifiées – voir le détail des aides) et que le gardiennage permet non seulement d’éviter les attaques des prédateurs mais aussi de lutter contre le surpâturage (lire à ce sujet notre dossier « pastoralisme et biodiversité») et de réaliser un meilleur suivi sanitaire des brebis.
« Les attaques n’arrêtent pas d’augmenter. »
Non, sur les massifs où le loup est installé depuis plusieurs années, les attaques n’augmentent pas, au contraire. Elles ont augmenté globalement, à l’échelle des Alpes, jusqu’en 2005 car le loup a étendu son territoire, touchant du même coup des troupeaux qui n'étaient pas protégés. Et il faut un certain temps pour la mise en place de la prévention : son acceptation par les éleveurs d’abord, puis l’introduction de chiens de protection dans les troupeaux et leur éducation.
« Les patous sont des chiens dangereux, ils font fuir les touristes et attaquent la faune sauvage. »
On se demande alors pourquoi les chiens de protection des troupeaux sont utilisés avec succès dans le monde entier ! Un patou mis en place dans de bonnes conditions au sein d’un troupeau ne pose pas de problème et ne s’attaque pas à la faune sauvage s’il est nourri correctement (pourquoi alors ne parle-t-on jamais de l’impact des chiens de conduite sur la faune ?). Deux études menées dans le Mercantour et dans le Queyras ont démontré que ces chiens sont bien acceptés par les randonneurs. Il n’en demeure pas moins que certains touristes doivent apprendre les règles élémentaires de bonne conduite et éviter de traverser et déranger les troupeaux.
« La présence du loup impose des contraintes insupportables aux éleveurs et aux bergers. »
Certes, c’est une charge de travail supplémentaire mais qui bénéficie des mesures d’accompagnement déjà citées. Chaque métier a ses contraintes spécifiques et doit s’adapter à l’évolution de la société. Cela dit, la présence du loup permet aussi de revaloriser le métier de berger (dont plus grand monde ne se souciait avant le retour du prédateur) et de créer de nouveaux emplois (de bergers et d’aides-bergers). De nombreux abris pastoraux et cabanes d’alpages, jusqu’alors en ruine, sont aujourd’hui remis en état sur des fonds publics - grâce au retour du loup -, permettant ainsi aux bergers d’être logés plus correctement.
« Le loup coûte trop cher à la collectivité ! »
La protection de la nature a un prix, comme tout autre chose. Le montant des deux programmes LIFE-Loup (1997 - 2003), a été de 4,7 millions € pour l’ensemble des Alpes et pour 7 ans (incluant indemnisations, mesures de prévention, suivi scientifique), soit 671 000 € par an. Soit 0,01 € par an et par habitant. A comparer, par exemple, au coût du traitement des maladies de l’élevage de 46 000 000 € en 2004 (voir encadré 2).
A titre de comparaison, le coût de gestion de nos ordures ménagères est de 30 à 75 € (selon les sites) par an et par habitant.
Par ailleurs, les productions agricoles (majoritairement les céréaliers) bénéficient chaque année de plus de 11 milliards € de soutien. Alors, trop cher, le loup ?
« Le loup va proliférer, il y a en déjà plusieurs centaines dans le Mercantour ! »
Impossible. 4 meutes sont présentes dans le Mercantour, soit une vingtaine de loups. Une cinquième pourrait peut-être s’y installer mais guère plus. Le loup est un animal territorial qui occupe de vastes espaces : 200 à 250 km2 pour une seule meute. Seul le couple dominant se reproduit une fois par an et moins de la moitié des jeunes parvient à l’âge adulte. Le loup est capable de pratiquer l’auto-régulation de ses effectifs et d’ajuster sa reproduction aux proies disponibles. Un super-prédateur ne prolifère jamais sans quoi il mettrait en danger ses populations-proies et donc lui-même. La nature est bien faite !
« Le loup tue pour le plaisir et provoque des carnages. »
Dans des conditions naturelles, le loup ne tue que les animaux nécessaires à son alimentation et à celle des louveteaux. La capture d’une proie ne réussit qu’une fois sur dix et il n’a pas d’énergie à perdre à tuer plus que de besoin. Mais des cas exceptionnels d’over-killing (selon le terme scientifique) peuvent se produire sur des proies domestiques : le loup choisit ses proies en fonction de critères bien précis, de manière à avoir le plus de chances de réussite possible. Sur une harde de chamois, par exemple, il choisira celui présentant les caractéristiques de la proie idéale (animal affaibli, blessé ou âgé, bref dont les moyens de défense et de fuite sont amoindris). Le problème peut se poser (comme à tout autre prédateur) quand le loup a en face de lui quantité de proies potentielles présentant toutes les caractéristiques de la proie idéale. La prédation peut alors dépasser les besoins alimentaires.
Ce phénomène est tout de même assez rare comme en témoignent les statistiques effectuées dans le Mercantour, à partir des attaques sur les troupeaux domestiques :
49 % des attaques tuent 1 à 2 brebis. 25 % des attaques tuent entre 3 et 4 brebis. Seules 26 % des attaques ont occasionné la mort de plus de 4 brebis. (Source : rapport LIFE-Loup de février 99).
Cela est confirmé par des études récentes menées en Italie et en France (cf La voie du Loup n° 19) : 2 à 3 brebis en moyenne sont tuées lors d’une attaque de loups ; tandis que les chiens provoquent la mort de 10 brebis en moyenne par attaque.
« Les brebis tuées par le loup meurent dans d’atroces souffrances. »
Cet argument hypocrite vise d’abord à faire oublier que la majorité des brebis sont élevées pour leur viande et sont donc destinées à l’abattoir.
Une brebis tuée par un loup va connaître quelques secondes d’effroi et mourir très rapidement sur la pâture où elle vivait. Les 6 millions de moutons (brebis, agneaux) tués chaque année dans les abattoirs subissent le stress du transport et de l’attente une fois sur place dans une ambiance et des odeurs sans équivoque et dans des conditions d’abattage souvent discutables.
« Si le pastoralisme disparaît, la montagne ne sera plus entretenue. Les moutons sont favorables à la biodiversité.»
Les prairies naturelles d’altitude existeraient même sans pâturage, elles ne peuvent ni « s’embroussailler », ni « se fermer ». Quant à la limitation des risques d’incendie, cela ne concerne que les zones méditerranéennes desquelles le loup est absent ! Les troupeaux non gardés et sans plan de gestion pastorale sont au contraire un fléau pour la biodiversité : dégâts importants sur les fragiles milieux naturels d’altitude, érosion, perte de la richesse floristique et par contre coup entomologique, concurrence avec les ongulés sauvages et risque de transmission de maladies à ces derniers (lire à ce sujet notre dossier « 12 questions clés sur le pastoralisme »). Seul un plan de pâturage intégrant une approche agri-environnementale peut permettre de contrôler l’impact des ovins.
« Les partisans du loup sont des citadins qui ne comprennent pas le désarroi des éleveurs. »
Souhaiter la protection du loup ne signifie pas se désintéresser du sort des éleveurs et bergers.
Cela dit, le désarroi lié aux difficultés économiques, au chômage, aux délocalisations ou à la fracture sociale frappe indifféremment les urbains, rurbains, ruraux ou semi-ruraux. Les petits éleveurs sont loin d’être les seules victimes de la mondialisation de l’économie et d’autres professions n’ont bénéficié d’aucune aide de la part des pouvoirs publics. De plus, de nombreuses personnes favorables à la présence du loup ne sont pas des citadins et habitent effectivement le massif alpin.
« Les loups ont été réintroduits frauduleusement : la preuve, ils n’ont pas pu arriver seuls des Abruzzes ! »
Le retour naturel est prouvé par les analyses génétiques et par l’étude des mouvements de population des loups italiens. Les loups présents en France ne sont pas arrivés directement des Abruzzes puisque, depuis plus de 20 ans, on constate une expansion territoriale du loup en Italie. A partir du noyau des Abruzzes (sud de Rome), l’espèce a progressivement recolonisé ses anciens territoires, vers le nord et vers le sud de l’Italie, arrivant ainsi dans les Alpes-Maritimes. Ce phénomène de retour naturel n’est pas propre à la France, il se produit aussi en Suisse (à partir de l’Italie) ou en Allemagne, à partir des loups présents en Pologne. Le loup est également capable de parcourir d’énormes distances et il n’est pas rare que 70 km soient couverts en 24 h !
« Le loup n’est pas en voie de disparition : puisqu’il est présent dans d’autres pays, il peut être éradiqué chez nous ! »
Qu’adviendrait-il si chaque pays disait la même chose ???
Par ailleurs, nos responsabilités face aux dangers qui pèsent sur la biodiversité imposent de protéger toutes les espèces, même celles qui ne sont pas en danger immédiat d’extinction.
EN SAVOIR PLUS : 12 questions clés sur le pastoralisme
Le 02 novembre 2014
L'aube pointe et nous roulons en longeant un marais. À quelques mètres de la route se tient un élan mâle qui reste caché dans la brume matinale. Je m'arrête un peu plus loin. L'élan, méfiant, recule dans la brume où nous le distinguons à peine, puis il disparaît.
La photo ci-dessus a été réalisée par l'un de mes compagnons de voyage : Mr Gyger Claude
Non loin de l'endroit où nous avons observé nos bisons la veille, nous assistons à un merveilleux lever de soleil.
Puis nous reprenons notre route. Nous allons plein nord, où se cache une petite prairie fort appétente.
Nous sommes à l'affût. C'est une très belle après-midi et le soleil diffuse une lumière douce ainsi qu'une agréable chaleur. Une silhouette pointe à l'horizon sur notre gauche, un sanglier baguenaude et vient devant nous. Il réagit aux déclics des appareils-photos.
Il est en alerte, mais ne comprend pas vraiment d'où proviennent ces drôles de bruits. Au bout de quelques minutes, il reprend son chemin et traverse la prairie.
Puis notre attention se porte sur les oiseaux, mésanges charbonnières, bruants jaunes, geais des chênes ...
De nouveau, nous sommes attirés par de petits bruits à nos côtés, une petite troupe de bêtes rousses (jeunes sangliers de plus de six mois et moins d'un an et demi) débarquent, alors que les adultes sont occupés un peu plus loin à muloter.
Ils cherchent leur nourriture en fouissant dans le sol avec leurs petites truffes dans les rayons du soleil. Quel spectacle !
La photo ci-dessus a été réalisée par l'un de mes compagnons de voyage : Mr Gyger Claude
Une énorme silhouette massive apparaît à la lisière, il n'y a aucun doute, le seigneur de Bialowieza est là !
Le bison d'Europe. C'est un immense mâle, magnifique animal approchant des 900 kg de muscle, il s'approche en descendant la lisière, puis il se met à brouter.
Nous décidons de partir, la nuit arrive. Laissons le se repaître tranquillement tant qu'il ne nous a pas décelés.
Le 03 novembre 2014
Au petit matin, nous reprenons la direction de la grande prairie. Arrivés sur place, rien ! Je décide alors d'aller dans un autre endroit un peu plus loin.
Deux bisons, non loin de notre chemin, broutent et nous observent, noyés dans cette immense plaine !
Le jour est déjà bien levé. Les taureaux remontent doucement sur la lisière et nous les suivons tant bien que mal. Nous découvrons une belle troupe de bisons matriarcale d'une vingtaine d'individus. En fait, les bisons d'Europe vivent en petites troupes familiales sous la conduite d'une vache expérimentée.
Les taureaux sont solitaires ou alors, par deux ou trois, et cela peut aller jusqu'à une petite dizaine durant l'hiver, alors que les troupes matriarcale peuvent atteindre en pleine hiver une centaine d'individus.
Une belle atmosphère automnale se dégage de ce tableau. Une légère brume, une petite troupe de bisons sur fond de la plus belle forêt d'Europe, suffisent à nous transporter dans des contrées oubliées des hommes, peut-être le jardin d'Éden ... Sans compter les cris des grands corbeaux qui résonnent dans la grande sylve...
Puis c'est un magnifique lever de soleil. Là, nous ferons quelques beaux clichés de la flore en jouant avec les rayons de cette douce lumière automnale ...
Nous voilà des rêves plein la tête !
Nous baguenauderons le restant de la journée en observant oiseaux, découverte de milieux, sans oublier une collation fort appréciée ...
Le 04 novembre 2014
Nous partons à peine à l'aube naissante en direction de la forêt. Là ,nous attend une surprise de taille dans le marais, notre élan mâle !
Cette fois-ci, il est disposé à ce qu'on l'observe et, bien entendu, qu'on le photographie. Entre temps, l'aube pointe de plus en plus.
Les 4 photos ci-dessus ont été réalisées par l'un de mes compagnons de voyage : Mr Bouquet Thomas
Plus loin, un sanglier dans la brume se laisse observer et vient même à notre rencontre. Il a l'air d'être âgé et paraît un peu décati.
Nous ne savons si ce sanglier fort sympathique d'être venu à notre rencontre passera l'hiver. La nature n'a qu'une seule règle, la sélection naturelle par le biais de super prédateurs, prédateurs, ou le climat ...
Nous avons passé beaucoup de temps entre notre élan et notre sanglier, et déjà le soleil pointe à l'horizon, enflammant la brume et les paysages, l'un des plus beaux spectacles que dame nature pouvait nous présenter " À l'aube de la Création "...
Nous nous enfonçons au plus profond de la grande sylve et nous découvrons des traces de loups. Trois individus. Nous sommes non loin de la petite prairie où nous les avons observés la première matinée.
Nous nous y rendons dans l'espoir de les observer de nouveau, mais arrivés sur place, je découvre la silhouette massive de deux taureaux, un individu en pleine force de l'âge avec un taurillon (jeune taureau).
Ils prennent le soleil. Le plus vieux se couche devant nous et nous ne voyons presque plus rien de cette énorme masse si ce n'est que son énorme panse.
Nous les observerons pas loin d'une heure, puis le grand mâle se relèvera. La brise a tourné, ils partiront se mettre à couvert dans l'épaisseur des sous-bois.
Nous irons nous restaurer, puis départ pour un grand lac qui se trouve au nord de la forêt. Là, nous observerons différents oiseaux, grandes aigrettes, cygnes tuberculés, hérons cendrés...
Un train de marchandise traverse le lac pour la Biélorussie. Ce lac est du côté polonais, mais de l'autre côté de la rive est, la frontière n'est qu'à quelques centaines de mètres.
D'ailleurs la forêt que l'on voit de l'autre côté se trouve en Biélorussie (Bialowieza côté Biélorusse). Un doux rêve pour moi, pouvoir baguenauder dans toute la forêt de Bialowieza, plus de frontière humaine qui coupe en deux ce poumon vert de l'Europe.
La fin d'après-midi approche et nous retournons dans la forêt mythique. Là, une biche et son jeune pâturent sur le bord d'un chemin.
Quel fabuleux séjour, et là encore nous assistons à un ciel qui s'embrase et devient tout rose. La lumière, elle-même, nous paraît rose, la rivière reflète le ciel !
Le 05 novembre 2014
Le lever de soleil est spectaculaire. Nous avons l'impression que toute la forêt s'enflamme ! Un matin digne de l'aube de la création !
Nous observons un sanglier sur la fin de sa vie. Il a de la peine à se mouvoir. Il se couche à quelques mètres, puis essaie de nouveau de se relever. Il s'éloignera avec beaucoup de difficultés.
Nous partons pour une belle balade et arrivés à destination dans une clairière, nous serons dérangés peu de temps après par un véhicule tout-terrain.
En repartant de notre affût loupé, un renard se met à glapir, il est à la lisière de la petite clairière.
Nous l'écouterons pendant plusieurs minutes, puis la nuit s'installera. Il est grand temps de reprendre notre chemin pour rentrer.
Le 06 novembre 2014
L'aube pointe et il est grand temps de repartir en forêt. Il fait encore trop sombre pour distinguer dans les sous-bois.
Nous partons à l'approche sur une sente en direction du charnier aux loups. Ô surprise, un bison se tient à 50 ou 60 mètres. Couché, il se lève et nous observe.
Nous trouverons des traces de loup relativement fraîches, mais pas la queue d'un !
Je m'interroge sur le restant de la journée ! Nous filons en forêt où nous flânons sur les bords d'un marais. Là se trouvent une flopée de colverts et quelques cygnes tuberculés.
L'heure avance. J'ai une idée, nous allons retenter la grande prairie où sortent régulièrement les bisons.
Sur le chemin, trois chevreuils se tiennent sur une petite plaine. En arrivant dans la grande plaine, un taureau se trouve déjà là. Nous l'approchons à une trentaine de mètres.
Il est vraiment de toute beauté. Au bout de plusieurs dizaines de minutes d'observation et de prises de vue, il nous fera comprendre que maintenant, c'est l'heure d'aller brouter.
La journée se termine sur ce magnifique bison.
Le 07 novembre 2014
L'aube pointe lorsque nous prenons la direction de la forêt. Nous assistons à un magnifique lever de soleil sur un grand marais. Des oiseaux chantent, des casse-noix se chamaillent.
Dans le courant de l'après-midi, nous nous dirigeons en plein cœur de la forêt. Divers oiseaux croisent notre chemin : bouvreuils pivoines, pics noirs, des dizaines de geais.
Nous arrivons sur une petite rivière où les castors ont construit un barrage.
Nous nous intéressons aux gros arbres de la forêt et plus particulièrement aux chênes, seigneurs de la grande sylve.
Je leur montre l'un des seigneurs de cette forêt qui est tombé il y a moins d'un an, c'est un énorme chêne d'environ 5 à 600 ans, de presque 2 mètres de diamètre.
Nous repartons et passons à côté de la grande prairie. Trois bisons se tiennent à sa lisière parmi les bouleaux, quelle fresque !
Le 08 novembre 2014
Une magnifique matinée s'annonce. Nous prenons la direction nord-est. Le soleil illumine la grande sylve de mille feux. C'est un fabuleux spectacle qu'il aurait été dommage de manquer.
Nous prenons la direction du charnier aux loups. Là, dans la haute futaie de pins sylvestres et d'épicéas, des pics s'affèrent. Parmi eux, se trouve un pic tridactyle, c'est une femelle.
Nous l'observons une dizaine de minutes, puis deux pics épeiches se disputent et font partir le tridactyle.
Nous trouvons encore des traces de loups toutes fraîches, mais ces derniers ne se montreront pas. Les habitants de la région protègent leurs habitations par des câbles tendus où ils accrochent une multitude de petits fanions de couleurs afin d'éviter que des loups s'introduisent dans leur jardin pour prédater les chiens.
Une méthode connue depuis toujours en Pologne et utilisée depuis la nuit des temps. Il suffit de tendre un câble (ou un cordeau), et d'accrocher des fanions de couleurs, les loups sont incapables de franchir cette barrière visuelle.
Dans le courant de l'après-midi, nous rencontrons une petite troupe de bisons. Nous aurons beaucoup de difficultés à les approcher. La lumière décroît et quand nous sommes en fin à quelques dizaines de mètres de la petite troupe, il n'y a quasiment plus de lumière.
Le 09 novembre 2014
L'aube se lève, nous sommes arrivés à destination. Nous sommes retournés où nous nous trouvions hier, là ou se trouvait la petite troupe de bisons. Ce matin, elle est absente de la zone mais par contre, trois taureaux s'y trouvent !
Nous remontons à couvert par l'intermédiaire d'une petite sente. Entre temps, deux bisons sont déjà rentrés à couvert. L'un de mes compagnons me fait signe. Au même moment, je découvre un taureau à une quinzaine de mètres juste devant moi.
Le bison s'éloigne, et je repère le troisième qui arrive. Je fais signe à mes compagnons de s’accroupir, le bison arrive !
Il surgit devant nous, magnifique être venu tout droit de la préhistoire ! Il prend la pause sur la sente, fier et majestueux !
Il repart dans les profondeurs de la forêt rejoindre ces compagnons.
Une ambiance règne sur la grande sylve. Les marais sont drapés par la brume, les paysages qui me sont familiers me semblent tellement différents ! Nous retournons sur la place du premier jour, là où nous avons observé les deux loups.
Nous découvrons des traces toutes fraîches, moins de trois heures. Je peux l'affirmer en sachant qu'il est tombé une pluie qui a martelé le sol, et que les indices sont postérieurs à cette pluie.
Ils ne sont pas loin. Peut-être nous épient-t-ils, terrés sous une branche d'épicéa !
Plus tard, nous rencontrerons des sangliers afférés à leur recherche de nourriture. L'hiver est proche et pour tous les habitants de la grande sylve, c'est une course contre la montre, l'histoire d'une survie !
En fin d'après-midi, c'est un petit marcassin que nous rencontrons. Il est seul, nous l'approchons à deux mètres.
Aucune peur, ce petit ne passera certainement pas l'hiver et peut-être même pas la nuit qui arrive à grand pas.
Le 10 novembre 2014
Nous partons à l'aube, non pas pour la forêt, mais pour Varsovie.
Pour ma part, je serai de retour à Bialowieza le 11 novembre 2014, avec un couple qui a déjà l'habitude de voyager avec moi. Il s'agit de leur troisième voyage.